"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quelque part en Allemagne, une petite fille de dix ans ne demande qu'à grandir et à rêver. Quand sa famille s'installe dans la plus belle maison de la ville, elle ne sait pas que c'est en vertu de l'aryanisation des biens juifs. Cette Allemagne est nazie mais elle ne le sait pas encore. Elle ne sait pas ce que c'est qu'un pogrom. Cette petite fille, c'est ma mère. Je' savais depuis longtemps qu'un lourd secret la hantait.
Surprise absolue !
Un titre un peu énigmatique, une présentation d'éditeur qui fait craindre le "déjà vu".
Alors le plaisir n'est que plus grand d'entendre, dès les premières lignes, la musique des mots d'un véritable écrivain. Ensuite, ce ne sera que du régal.
Une langue toute en légèreté, en petites touches ; une langue à la fois simple et pleine de résonances.
Un récit qui se démultiplie dans le temps et dans l'espace, voletant à la recherche de la mémoire absente au gré de retours dans le passé et de sauts dans une géographie qu'on croit familière.
Un narrateur compagnon qui nous emmène dans une quête qu'on fait nôtre et qui nous lâche aussi la main pour nous laisser rêver.
Nous parle-t-il d'elle, de lui (l'autre inconnu), de lui-même ? Quelle importance ! Tous cherchent et se cherchent, et nous les suivons. On ne lâche pas avant d'avoir tout appris. C'est-à-dire, comme le disent les derniers mots : "Rien... Sauf tout."
C'est à la fois rafraîchissant et grave. Coup d'essai, coup de maître.
On voudrait beaucoup d'auteurs de cette qualité.
« L’enfance est un couteau planté dans la gorge » écrit le dramaturge contemporain Wajdi Mouawad. Ce couteau, il faut l’enlever pour briser le fil de la colère. Le narrateur, François Segel, dans le roman de Nicolas Hebert, cherche à retirer ce couteau en partant à la découverte de sa mère, de ses secrets enfouis. Une mère mystérieuse, qui ne dit rien de son enfance et du lourd héritage qu’elle a reçu et qu’elle porte, muette, sur ses épaules. Lorsque sa mère meurt, François Segel se rend alors en Allemagne, à Krumbach, où sa mère, petite fille, a passé son enfance.
A priori, en lisant simplement le résumé de l’ouvrage, on s’attend à un énième roman sur le nazisme. Pourtant, le roman de Nicolas Hebert se démarque profondément de cette littérature prolifique. L’Homme de Krumbach est – paradoxalement - avant tout l’histoire d’une femme, de son enfance, de ses non-dits. C’est l’histoire d’un caméléon qui a su s’adapter à ses vies successives à la recherche de la sortie de secours d’un passé qui l’enferme et l’empoisonne.
L’écriture est sobre, simple : des phrases courtes, aérées, un mouvement dont on sent les influences marines, insulaires. L’élégance du style sert la sincérité et la force d’un récit dont on sort durablement ému. Avec brio, Nicolas Hebert raconte l’histoire de François Segel, celle du fils qui brise le fil de la colère, de la violence, celle du père qui ne veut pas la transmettre à ses enfants. Un roman qui fait l’effet d’un vent breton : en continu et en rafale, à la fois vivifiant et enivrant, il purge.
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