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Caen, vers 1830. Un étudiant en droit entre un jour dans un cabinet de lecture de la rue du Pont Saint-Jacques. La conversation s'engage avec le libraire. Une amitié va se nouer qui, si l'on en défalque une brouille d'ailleurs aujourd'hui encore mystérieuse (de 1837 à 1841), va, jusqu'à la rupture définitive, engendrer une correspondance de vingt-deux ans : la première lettre de Barbey à Trebutien qui ait été conservée est d'août 1832, la dernière du 29 novembre 1858.
Ce corpus épistolaire, l'un des plus remarquables assurément du XIXe siècle, n'était accessible que dans la confidentialité d'une publication universitaire. Nous sommes heureux de l'offrir au large public qu'il mérite. Ce n'est plus aujourd'hui une idée provocante que de voir dans leur correspondance le chef-d'oeuvre de Flaubert ou de Sand. Lorsqu'on aura lu les Lettres à Trebutien de Barbey d'Aurevilly, au romancier, nouvelliste, critique qui depuis un demi-siècle a fait l'objet d'une spectaculaire réévaluation, s'ajoutera d'évidence un épistolier hors du commun.
Pour Barbey, la lettre est incomparablement plus éloquente que n'importe quelle photographie. Il existe pour lui un lien direct et même consubstantiel entre l'esprit épistolaire d'un homme et l'esprit de sa conversation . Cette correspondance magnifique, emprunte d'un souffle unique de vérité, a les allures d'un autoportrait enfin révélé de ce Barbey apparement si contradictoire. Barbey enfin devant nous, tel qu'en lui même et révélé par le caractère puissant et organique de cette correspondance.
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