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Deuxième volet du cycle de la Chronolyse, Les Singes du temps (1974), a ouvert un nouvel âge de la science-fiction française : celui de l'avant-garde.
Après Le Temps incertain (t. 1, réédité en novembre 2008) et avant Poisson chaud soleil des profondeurs (t. 3, réédité en juin 2008), Les Singes du temps nous plonge de nouveau dans l'univers terrifiant et haïssable de la chronolyse. Chez Michel Jeury, le thème de l'aliénation est au coeur de visions oniriques et de projections dignes de Philip K. Dick. Il affirme d'ailleurs : " La S.-F. correspond parfaitement à mes aspirations, aussi bien littéraires que délirantes. C'est un outil littéraire très complet, un exutoire sans limites. " Simon Clar nous entraîne dans un étrange voyage où, sous l'empire des drogues chronolytiques, l'être humain est emporté dans une effarante bousculade du temps. Entre rêve et folie.
Dans un futur proche, sous l'effet de la pollution, de la destruction de l'environnement, la Terre est devenue presque invivable. Ce monde chaotique est d'autant moins supportable que les hommes sont soumis à une oppression politique dont les seuls signes visibles ne font que mieux dissimuler un dessein obscur. Pour échapper à cette aliénation diffuse et insaisissable, une seule alternative : la chronolyse, fuite intérieure obtenue grâce à l'absorption d'une drogue. Ainsi, le voyageur Simon Clar pourra-t-il retrouver le temps de son enfance perdue et fuir vers l'utopie, la planète Gogol, située quelque part dans le monde intérieur, univers de liberté où le bonheur innocent est encore possible. À moins qu'il ne soit au final qu'un secret morbide.
Sur fond de nucléaire, de milice patronale, de multinationale ou de socialisme utopique, Jeury nous décrit des hommes en proie à la " relative réalité " du monde.
Tout comme les deux autres volets de la trilogie, Les Singes du temps n'invente pas des futurs possibles. Il reflète l'esprit d'une époque, il témoigne des positions de crainte et de désir que suscitait la fin des années 1970. La particularité de cet opus est d'exploiter le conscient et l'inconscient collectif avec une telle maîtrise qu'il apparaît encore extraordinairement familier au lecteur d'aujourd'hui. " Nous nous battrons avec nos rêves ! ", la dernière phrase du roman, a des résonances étrangement actuelles.
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