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Ce roman inspiré d´un fait réel traite de l´inceste, du déni sociétal dont il est entouré, et de sa généalogie en lien avec les violences affectives et familiales. Récit nourri de et par la pensée psychanalytique : un enfant livré à un père incestueux est une douleur, une malédiction qui se transmet de génération en génération qui, si elle n´est pas traitée, risque de se reproduire dans les générations suivantes.
Comment une femme française qui veut protéger sa fille des griffes d’un père incestueux et violent se retrouve emprisonnée en Italie sous la menace d’une extradition vers les Etats-Unis car considérée comme une dangereuse criminelle par le FBI ? Par le fait d’un manipulateur qui a su se faire passer pour la victime aux yeux de la justice américaine. C’est l’histoire de Bettina racontée par la psychanaliste Caroline Bréhat, un roman certes, mais inspiré en partie d’un fait réel.
Bettina est heureuse, retrouvant la vie auprès de son nouveau compagnon, Ethan, qui est à l’opposé de son ex-mari et père de sa fille unique. Ensemble, ils séjournent près du lac de Côme avant de célébrer leurs noces à Rome. Apolline est restée en France auprès de sa famille, désormais rassurée de ne plus être obligée de séjourner chez son géniteur, Hunter, aux Etats-Unis et y subir viols et autres violences. Seulement, malgré les jugements des tribunaux français, en application de la Convention de La Haye, qui confirment l’inceste et autorisent l’adolescente à rester en France et qu’une juge new-yorkaise va dans le même sens, Bettina reçoit un matin la visite des carabiniers : mandat d’Interpol, demande d’extradition... une des personnes la plus recherchée par le FBI. Au commissariat, tous sont désolés de devoir mener la jeune femme en prison. Là, elle va entrer dans un univers dantesque, dans la cité des peurs. Cependant en entrant dans cet enfer elle ne laisse pas l’espérance à la porte ; elle va résister et sait que quelque chose peut tout faire basculer : les jugements français, la bienveillance de ses avocats italiens et l’amour, celui d’Ethan qui est incommensurable.
Un roman poignant qui, par la fiction, démontre le parcours épouvantable d’une mère qui veut protéger sa fille face à un père violent et incestueux. Redoutable, il sait se faire passer pour un ange à l’extérieur tout en étant le diable à la maison. Il inverse les rôles, c’est Bettina qui est sous l’emprise du « syndrome d’aliénation parentale ». Le récit de Caroline Bréhat est juste et excessivement bien documenté quant au cheminement psychologique et psychiatrique. La principale force de ce roman est de montrer l’entrecroisement des vies avec le poids du passé dans la spirale de la manipulation, sans s’attarder sur le sordide qui ne sert qu’à satisfaire le voyeurisme. S’ajoutent les descriptions de l’univers carcéral avec ses « bons » et ses « mauvais » sujets, les conditions de vie qui poussent des détenus au suicide, conditions qui ont encore empirées avec l’arrivée du Covid.
Un plaidoyer pour une justice internationale, pour un meilleur « diagnostic » des manipulateurs ; un témoignage sur le poids transgénérationnel, un ouvrage féministe où la raison ne s’égare pas à une opposition des sexes, au contraire, c’est ensemble que les forces doivent s’unir ; une ode à l’amour car les passages entre Bettina et Ethan sont d’une tendresse infinie.
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