"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur fait le récit du jeune Franck dans son parcours initiatique dans les villes qu'il traverse pleines de lumières éclatantes, d'odeurs et d'images vite reconnues par un lecteur qui rencontre un auteur en vérité. Robert NICOLAÏ refuse l'auto biographie du je narcissique, le jeu facile du narrateur, pour une troisième personne qu'il met à distance et devient le héros d'un roman de la vie quotidienne avec précision, pertinence, simplicité et élégance. Il suit Flaubert dans sa volonté de priver l'écriture des enluminures, arabesques ou émotions qui détournent de l'objet dans sa réalité. Une écriture comme une pure oeuvre d'Art. L'idéal de Flaubert, dans un déni ironique, ne trompe que son oeil. L'auteur n'est jamais aussi présent que lorsqu'il s'absente : le style c'est l'homme même. Au delà des tribulations d'un adolescent en mal de reconnaissance, la prose est celle d'un authentique écrivain.
"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées" " C'est l'image que j'ai de Franck lorsque le narrateur raconte ses voyages, ses fuites, ce jeune homme qui essaie de se repérer dans sa vie, en essayant d'ordonner les évènements qui l'ont construit...
d'abord récit d'enfance, qui tente de recomposer l'enfant mais surtout la relation avec Marthe, la mère qui l'a construit ou déconstruit... Puis ensuite sa rupture familiale, son envol d'adulte est relaté par l'adulte qu'il est devenu, celui qui écrit encore et est devenu chercheur...mais surtout par les extraits de ses productions de l'époque : carnets de voyage qui servent à tout, à livrer une description des espaces traversés et entrevus, ses bouts de rencontres , ses impressions, ses réflexions. Des questions existentielles approchées mais surtout déjà le début d'une réflexion sur les mots, l'écriture, sur la communication et la communion...
Cette autobiographie qui ne se présente pas comme telle et qui pourtant semble en être une, avec ce regard distancié de l'homme d'aujourd'hui sur celui qu'il fut en plusieurs temps, sur ce personnage qu'il regarde évoluer et dont il nous livre les oeuvres : dessins, écrits. . Cette recherche de qui il a été permet de dévoiler des bribes de souvenirs, de réflexion, de sentiments, en poèmes , de dessins...finalement des bouts de Franck et surement de l'auteur. On y ressent surtout la passion des mots, de la littérature .... et les interrogations sur la construction de l'oeuvre d'écriture et de l'être humain. (en lisant la biographie de l'auteur, on a du mal à relier ce jeune homme un peu perdu et cet universitaire).
"Voici l'objet" m'a écrit l'auteur Robert Nicolaï en m'offrant son livre, et je comprends mieux ce mot "objet", un mélange de tout et surtout de Franck, ...peut-être un roman ? peut-être une autobiographie ? peut-être un essai autobiographique ? un texte qui colle au personnage :
La forme de l'objet livre ressemble au fond de l'être, un patchwork de l'individu Franck.
Ce texte polymorphe, hétéroclite illustre bien les différentes facettes de personnage, jeunesse et construction de l'auteur. C'est un ouvrage audacieux et surprenant.
Après avoir écrit des essais hyper sérieux, consacrés à la langue orale, Robert Nicolaï se lance dans le roman en racontant la jeunesse de Franck, enfant né après la guerre qui, en ce début du vingtième et unième siècle, peut être considéré comme un représentant de la génération dite des boomers.
Quelques mots de l’histoire :
Sa jeunesse commence par une enfance bercée, pendant ses deux premières années, par l’amour exclusif de sa mère. Fille célibataire après la guerre, elle acquiert une liberté par son travail consciencieux. Puis, vint le mariage avec Michel qui la respectabilise. Presque juste après est venu un petit frère.
Cette tranquillité espérée est pourtant devenue aussi sa prison. Qu’avait-elle à effacer ainsi, encore et encore ? Car, se développe chez elle, une dépression qui ne s’identifie pas. Elle se manifeste par un trouble du comportement concernant la propreté.
Aucune tâche, aucune poussière, aucun désordre ne devait venir perturber le regard des autres. Ne jamais laisser échapper le modèle de femme exemplaire et de bonne mère qu’elle souhaitait donner. Sauf, que cette femme fragile va se heurter à l’incompréhension de l’enfant. Alors, sa manière d’alerter fut de créer, souvent gentiment, les moyens de dévier des attentes de sa mère, de la réveiller de son enfermement, comme pour lui montrer ses propres failles. Ce qui, il faut bien l’avouer, fut pour cette femme insupportable ! Elle n’aura de cesse de retirer à l’enfant puis à l’adolescent tout regard bienveillant !
Pourtant, comme un ultime cadeau qu’elle lui transmet, lui vient ce goût pour le dessin, l’aquarelle et la poésie qui l’accompagnera tout au long de sa vie. Robert Nicolaï raconte l’adolescence réfractaire à l’école, l’apprentissage militaire dans la Marine, les brimades et les punitions, la rébellion toujours présente y compris jusqu’au voyage initiatique vers l’Orient, sur la route des Hippies. Ce voyage est organisé presque sous un coup de tête après avoir réussi son entrée à l’université, sans avoir été reçu au bachot.
la suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/01/25/robert-nicolai/
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