"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Léonard de Vinci, ou l'incarnation mythique, presque effrayante, du génie, et du génie universel : «aucun homme ne vint au monde qui en sût autant que Léonard», disait François Ier, guère démenti par la postérité, même si elle a consacré l'artiste avant de découvrir le savant, à la fin du XVIIIe siècle.Mais le mythe n'a pas tué l'homme, tant Léonard a laissé de traces de ses pérégrinations dans l'Italie de la Renaissance. De cet enfant naturel, natif du village de Vinci, devenu un maître auquel les puissants font leur cour, nous découvrons jour après jour les espoirs, les projets, les toquades, mais aussi les contradictions : prodigue avec ses amants, Léonard tient la comptabilité de ses dépenses quotidiennes avec la précision d'un usurier. Ardent promoteur de la liberté intellectuelle, il se met pourtant au service de tyrans qu'il abandonne à la hâte lorsqu'ils tombent en disgrâce. Et quand il s'attaque à de grandes fresques murales promises à l'éternité, il expérimente des techniques nouvelles qui conduiront ces oeuvres à la ruine.C'est peut-être là le fil rouge de cette vie de Léonard : toujours rêver, toujours perfectionner, toujours inventer, au service de la peinture ou des mathématiques, de l'art de l'ingénieur ou de celui du poète.Jusqu'à sa mort, il n'a guère le temps de peaufiner l'inachevé, comme cette ultime démonstration géométrique qui clôt ses carnets, interrompue, écrit le vieil homme, «parce que la soupe refroidit».
http://encreenpapier.canalblog.com/archives/2019/05/06/37313194.html
"Un autre des meilleurs peintres de ce monde méprise un art où il excelle et s'est entiché de philosophie ;
il a dans ce domaine des idées si étranges et tant de chimères qu'il ne saurait les peindre avec sa peinture." Castiglione, "Courtisan".
Le 15 avril n’est pas que le jour où la cathédrale Notre-Dame de Paris a brûlé, c’était aussi le jour de la naissance d’un des plus grand peintre, ingénieur, philosophe, scientifique… que la terre n'ait jamais porté, j’ai nommé Léonard de Vinci, dont nous avons fêté le 2 mai 2019 les 500 ans de sa disparition. De Léonard de Vinci, nous connaissons quelques tableaux, l’amitié qu’il lia avec François 1er Roi de France, son génie, sa procrastination, et éventuellement son attachement à Salaï. Mais finalement, quand on lit ce livre, on s’aperçoit qu’on en connaît juste les grandes lignes, que cette biographie de référence rendra au final moins brumeuses. Je ne vais pas vous mentir, ce livre est parfois difficile à suivre (ce n’est pas un hasard si c’est LA bio de référence), mais quand on arrive au bout, indéniablement on a découvert en profondeur la vie de cet homme.
L’artiste :
Ma première surprise d’ailleurs, fut de découvrir que Léonard de Vinci était assez éloigné de l’image de l’artiste humble que j’avais imaginé à cause de ses errances et sa procrastination. En effet, ce dernier ne doutait finalement pas de son talent qu’il sait défendre, ni de son art principal qu’est la peinture. Ce qui va lui faire écrire son "Paragone ou parallèle des arts", qui ne plaira notamment pas à Michel-Ange et qui lui fera bien sentir quand ils devront travailler ensemble au Palazzo Vecchio à Florence. Ce qui toutefois n’empêchera pas ces artistes de s’inspirer mutuellement.
Outre cet artiste sûr de lui, j’ai découvert aussi que Léonard de Vinci était un artiste qui sortait de son atelier pas que pour fuir ou flâner mais aussi pour travailler, et expérimenter la matière, les huiles, au fur et à mesure de ses œuvres. Ce qui explique que parfois certaines œuvres comme La Cène s’abîmeront fort vite. Déjà du vivant de Léonard.
Après on peut découvrir aussi sur cet artiste, - si vous n’avez pas fait d’histoire d’art ou lu d’autres livres sur l’artiste -, un artiste pointilleux, qui regarde longuement les gens ou les animaux qu'il croise, afin de les peindre au plus proche de la réalité. Ce qui justifie que parfois il met très longtemps à réaliser ses œuvres comme le cheval de Sforza (qu'il ne réalisera pas.) En lisant ces pages, on peut aussi découvrir qu’il assiste à quelques dissections, qu’il suit les gens dans la rue parce le visage lui plaît ou l’intrigue.
Bref ! C’est un artiste qui cherche ses modèles, le mouvement des muscles, les visages, car il veut peindre la réalité.
L’esprit en ébullition constante, personnage recherché :
Et attention, transition toute trouvée ; en parlant de réalité, j’en viens maintenant à aborder l’esprit de cet homme.
On a vu que dans la peinture il veut se rapprocher au plus proche de la réalité, dans la vie il faut dire que c’est aussi son état d’esprit. Cet homme qui a appris beaucoup par lui-même, observera, raisonnera, doutera, cherchera… la vérité toute sa vie sur le monde ou l’univers. C’est un homme de son temps ! De fait, cet homme qui est plus philosophe que religieux, qui sait qu’il est peintre avec une culture immense, qui est ingénieur bien que rêveur, qui expérimente, sera souvent appelé auprès des puissants – même si ça prend un peu de temps – pour diverses missions : établir des cartes, prévoir un projet pour défendre Venise face au peuple Turc, organiser des fêtes (à l’époque c’est tout un symbole), construire des ouvrages hydrauliques, etc. Par conséquent on se doute bien qu’il a côtoyé pas mal de puissants et intellectuels : Médicis, Louis XII, François 1er au crépuscule de sa vie, Sforza, le Magnifique, Machiavel, etc. La liste est immense !
C’est indéniable, Léonard de Vinci est une personnalité fort appréciée à l’époque, malgré quelques casseroles et sa lenteur à la réalisation d’œuvre qui en exaspéra plus d’un.
Derrière l’artiste, l’ingénieur, le philosophe :
Pour l’artiste ou le monde de l’art, je pourrais parler du fait qu’il ait commencé à peindre dans l’atelier de Verrocchio, que d'une manière générale dans un atelier on retrouve plusieurs mains sur un tableau, mais je pense que j’ai assez parlé de l’artiste et des artistes. Il est temps de parler de sa vie privée.
Tout d’abord, en tournant ces pages, nous allons découvrir qu’avec sa famille, le courant ne passait pas. Il sera d’ailleurs exclu de l’héritage de son père par ses demi-frères, alors que lui quand il mourra il lèguera quelque argent à sa famille, - et il se fera encore critiqué ! (Sympa.) Outre ceci, ils lui contesteront aussi l’héritage de son oncle. (Sympa une seconde fois.)
Pour continuer, nous allons découvrir sa relation avec Salaï, une relation étrange mais qui visiblement a contenté le personnage, puisqu’il lui offrait beaucoup de chose et lui en passait beaucoup aussi. Pour ma part, je n’ai pas du tout apprécié Salaï et je me suis vraiment demandé pourquoi il a tenu à ce diable toute sa vie.
Ce livre nous fait aussi aborder l’artiste de manière très privée. On va découvrir qu’il se teint en blond pendant très longtemps - pas envie de vieillir visiblement -, qu’il se verra en philosophe comme en atteste son autoportrait, qu’il respecte la vie animale et n'hésite pas à acheter des oiseaux pour les lâcher derrière. De plus, grâce à ses nombreux déménagements on va découvrir grâce à ses inventaires, ses lectures, qui accueillent beaucoup l'antiquité, les sciences, en plus de la religion.
Petit point personnel :
Maintenant mon petit point personnel sur le livre. Outre le fait qu’il est moyennement facile à lire car l’auteur va très loin dans les explications, il y a deux trucs qui m’ont fait un peu tilter.
La première, Léonard de Vinci à deux dates de naissance, soit le 15 soit le 14 avril. Une erreur de frappe ou je ne sais pas. Et la deuxième, plus « grave », c’est l’auteur qui se contredit un peu dans son texte. Sur ce point, le seul exemple que j’ai remarqué c’est quand Carlo Vecce parle de l’arrivée de De Vinci à Rome, au service de Julien II de Médicis frère du pape Léon X. A ce moment Carlo Vecce écrit et affirme, qu’il admira l’œuvre de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine et se fascina sans doute pour la scène du Déluge, alors que quatre pages plus loin, il va écrire que Léonard « avait probablement eu l’occasion d’admirer les fresques ». Certes, probablement qu’il a vu toutes les œuvres de Raphaël, Michel-Ange et compagnie quand il est allé à Rome, mais si c’est "probablement" dans le texte, comment être sûr qu’il se fascina réellement pour le déluge ? Je veux bien admettre que Léonard de Vinci est fasciné par l’eau, mais de là à dire qu’il bloque sur cette scène particulièrement, je ne franchirai pas le pas si je n'en étais pas certaine, et l'auteur là tient un double discours. Bien sûr ce n'est pas grave, mais ça chagrine un peu.
Cependant, ceci n’enlève en rien le travail colossal de l’écrivain sur ce personnage et son sérieux, car parfois il précise bien que c’est « peut-être » et pas « sûr ».
Enfin, avant de conclure, je tiens à souligner l'utilité des quelques photos et de la chronologie. Ca nous aide bien à retenir et repérer les grands moments de la vie de Léonard de Vinci.
En résumé, comme c’est de saison je vous invite vivement à lire cette biographie réputée de référence. Il faut être patient et concentré, certes, mais promis vous ne regretterez rien.Vous allez découvrir Léonard, l'Italie et son histoire, et aussi le monde de l'art. Que du bénéfique.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !