"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans l'absence laissée par la disparition inexpliquée de sa mère, un enfant, son père et sa grand-mère partent chacun à la reconquête de leur place et de leur présence au monde.
Dix-sept ans après le choc des Demeurées, Jeanne Benameur, fidèle aux âmes nues, pose avec L'Enfant qui, texte talisman, une nouvelle pierre sur le chemin le plus juste vers la liberté.
Un enfant qui se plaît à errer dans la forêt là où sa mère a peut-être disparu, son père menuisier hanté par le souvenir des étreintes avec sa femme et qui noie son chagrin dans le travail et dans l'alcool, une grand mère qui s'est toujours méfiée de sa bru : trois personnages dont la vie est brisée par la fuite de la mère : une Rom diseuse de bonne aventure entrée brusquement dans leur vie et disparue un jour sans explication.
Un roman ? Plutôt un conte onirique où s'abolissent les frontières entre réel et imaginaire.
Dans une sorte de mélopée incantatoire adressée à l'enfant, Jeanne Benameur l'accompagne dans le parcours où il oublie le quotidien « ton oreille, lavée de toutes les paroles, perçoit les frôlements, les bruissements furtifs, les glissements d'ombre." Elle l'imagine hanté par quelques images-souvenirs d'un paradis perdu « Elle tournoyait. Ta mère tournoie toujours derrière tes paupières », arpentant inlassablement un univers végétal à la recherche d' hypothétiques traces, avec pour seule compagnie celle d'un chien inconnu, et découvrant comme dans un rêve une maison abandonnée « en sommeil, rongée par le temps » présentant les vestiges d'une vie familiale.
Dans cette prose poétique fluide et envoûtante, pleine d'empathie, Jeanne Benameur suit le parcours de l'enfant, le réconforte « tant que les mères marchent auprès de nous, nous n'avons pas à nous soucier de la route. Nous marchons dans l'innocence de notre propre pas », parfois s'identifiant à lui et épousant sa solitude. « Reste immobile, n’aies pas peur du gouffre. Le temps va passer.Tu es seul comme peut l’être quelqu’un dans un tableau »
Comme le suggère le titre incomplet et mystérieux, un ouvrage plein de sensibilité, un ouvrage tout en ellipses et en retenue, à lire lentement pour se laisser imprégner par l'émotion et vivre la solitude de l'être abandonné.
« On sait qu'on peut sentir dans l'air du matin le souffle doux de ceux que nous aimons, même s'ils sont morts, même si plus jamais . Cela nous appartient et reste secret »
Un petit texte qui laisse une grande impression ! J'ai toujours apprécié les romans de cette auteure que j'ai lus, et celui-ci ne fera pas exception, bien que d'un genre un peu différent qui se rapproche plus d'un grand poème que d'un roman.
La disparition de la mère laisse désemparés l'enfant, le père et la grand-mère, qui chacun à sa façon en raconte les conséquences sous la forme imaginaire d'un conte poétique où les phrases se succèdent dans une profonde harmonie en symbiose avec la nature. Dans un style superbe, Jeanne Benameur nous embarque dans une rêverie fantastique.
Un beau conte poétique, triste, lancinant
L’enfant ne parle pas
Il est seul
Il marche beaucoup
Sa mère, une gitane à la jupe rouge fanée est partie
Il vit avec son père menuisier et sa grand-mère
Qui parle à l’enfant ?
Qui est ce « nous » ?
L’enfant est-il un garçon ou une fille ?
Peu importe
La magie opère et on se laisse embarquer par ces phrases plus belles les unes que les autres dans un monde où l’imaginaire est maître.
La nature et le corps sont complices pour aider l’enfant à s’inventer.
Jeanne Benameur est une magicienne des mots et des personnages.
Il m’a plu, cet enfant qui a perdu sa mère, cet enfant qui a vu son père n’utiliser que ses poings, cet enfant qui part en foret retrouver les mots de sa mère.
Comme souvent, Jeanne Benameur sait faire naître des images et des sensations avec peu de mots choisis. Sans en dire trop, jamais, de façon à nous laisser ressentir son texte.
J’ai aimé suivre l’enfant, mais aussi son père par cette journée particulière, et sa grand-mère. Chacun, à leur façon, trouveront leur voie pour sortir du chagrin.
Plonger dans un roman de cette auteure, c’est passer un moment de lecture hors du temps, dans un monde qui est le notre, mais pas tout à fait non plus. Il s’en dégage une certaine poésie.
Une belle réflexion sur la mort et les êtres disparus qui nous sont chers.
L’image que je retiendrai :
Celle de la jupe rouge délavée de la mère de l’enfant ; et ses bracelets de perles.
http://alexmotamots.fr/lenfant-qui-jeanne-benameur/
Trois solitudes dans une même maison abandonnée par une femme à la robe rouge fanée. Trois façons de vivre l'absence et de trouver peut-être la force de s'en libérer. Le petit garçon arpente la forêt, y découvrant les secrets qui font grandir. L'homme se détourne de son chemin habituel et en acceptant les désirs de son corps tente de s'affranchir de la violence des souvenirs. La vieille femme fait le tour du village pour réunir la nourriture nécessaire à ce qui aurait pu être une famille et tisse passé et présent pour que les histoires individuelles et familiales prennent sens.
C'est le premier roman de Jeanne Benameur auquel je n'ai pas entièrement adhéré. Bien sûr, j'ai retrouvé avec bonheur cette écriture extraordinaire qui semble extraire des morceaux de réel pour en polir chaque facette comme l'on ferait d'un diamant avant de les agencer de manière signifiante dans une fiction toujours surprenante. Mais cette fois la magie n'a pas complètement opéré. J'ai eu des difficultés à parfois simplement comprendre les images nées de cette force poétique. Le dénouement m'a apporté quelques pistes d'interprétation mais l'ensemble m'est resté assez impénétrable. Sans doute ne me suis-je pas suffisamment abandonnée à la grâce de l'écriture ?
Trois personnages racontent à tour de rôle : l'enfant, le père, la grand-mère, plus la narratrice avec son talent d'écriture d'une poésie incroyable, "L'enfant qui" est un roman/nouvelle dans lequel on plonge avec grâce et émotion. La présence de la mère, point commune entre les trois personnages, est très vive du début à la fin, avec ses mystères, ses questionnements. Je suis un peu restée sur ma faim, j'ai tellement entendu parler de la belle écriture de Jeanne Benameur, que je vais de ce pas me procurer d'autres romans pour faire durer le plaisir.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/06/lenfant-qui-de-jeanne-benameur.html
" Tant que les mères marchent auprès de nous, nous n'avons pas à nous soucier de la route. Nous marchons dans l'innocence de notre propre pas. Toi, cette innocence, tu l'as perdue très tôt. C'est peut-être cela, un destin. "
Il y a trois personnages dans ce roman :
Un enfant qui, depuis que sa mère est partie, éprouve le besoin de s'enfuir dans la forêt accompagné d'un chien que personne ne voit, qui n'est là que pour lui. Il va là où sa mère l'amenait, là où il la revoit danser pieds nus, là où il se souvient du tournoiement de sa robe rouge.
Il fuit tout ce qui est trop lourd chez lui, qui l'empêche de vivre et, dans cette forêt où il est en parfaite communion avec la nature et ses bruits, il chante pour se libérer des cris et des silences qui l'entourent dans sa maison, pour fuir ce monde où il ne trouve pas sa place.
Le père, menuisier du village, qui s'étourdit entre son travail et l'alcool au café du village depuis le départ de sa femme, partie en lui laissant juste un dessin.
Il revit la rencontre avec cette femme qu'il n'a pas su garder, une femme du voyage, une vagabonde qui lui a lu un jour les lignes de la main sur un marché. C'était la première fois qu'il était touché par une main de femme depuis la mort de sa fiancée. Submergé par le désir, il l'a ramenée chez lui. "Il ne l'avait pas choisie. Juste voulue."
Mais leur vie sera ponctuée des cris du père que les mots venus d'ailleurs de la mère rendent fou. La mère, quant à elle, se refugie dans le silence et la tristesse. "Tu es né comme ça. Arraché aux cris de ton père et au silence de ta mère. Tu as appris dans le ventre de ta mère la violence de vivre."
Maintenant il survit entre une fiancée morte et la mère de son enfant disparue.
La grand-mère qui fait le tour des fermes avoisinantes pour s'approvisionner, qui observe, elle qui n'aimait pas cette femme, cette étrangère que son fils avait ramenée à la maison.
"On ne sait jamais comment alléger la tristesse des mères qui disparaissent. La tristesse, elle, ne disparait pas."
Ce récit est une sorte de conte ou de rêverie qui parle de l'absence, du manque, de la liberté, de la peur qui empêche de vivre...
Un narrateur non identifié mais qui s'avère à la fin être une narratrice s'adresse à l'enfant avec un "tu" protecteur, il fait de très brèves apparitions au côté de l'enfant "Je me rassure de la présence du chien près de toi"
J'ai adoré retrouver l'écriture de Jeanne Benameur, envoûtante, poétique, délicate qui crée une atmosphère fascinante. J'ai eu envie de surligner des phrases presque à chaque page. En seulement 128 pages très denses Jeanne Benameur nous livre un texte bouleversant.
Un livre de Jeanne Benameur trônait déjà dans ma bibliothèque. Mais mon planning de lecture surchargé ne m’avait pas permis d’aller à la rencontre de cette auteure dont beaucoup de lecteurs vantaient la plume d’exception. J’ai profité de la venue de ce petit « L’enfant qui » pour enfin remédier à cette lacune.
Au vu de la taille de l’ouvrage, je ne m’attendais pas à un scénario poussé ou à des héros approfondis. Et en effet, la qualité première de ce texte se trouve dans le contenu même des phrases. L’écriture de Jeanne Benameur est d’une grande beauté. La poésie est présente dans toutes les tournures. Chaque paragraphe apporte son lot de magie et permet de dégager des sentiments. Emporté par ce phrasé, le lecteur est happé par les émotions des protagonistes. On ressent alors avec force le manque et la tristesse qu’entraîne l’absence d’un être cher. On habite les personnages et on vit avec eux tous leurs troubles et leurs questionnements.
Le style littéraire de Jeanne Benameur est assurément à découvrir parce qu’il dégage un lyrisme envoutant. J’ai pris beaucoup de plaisir à entrer dans son monde imaginaire et à m’émerveiller devant l’élégance de son écriture. Je reprocherais simplement à cet ouvrage son format trop court à mon avis. Même si on peut parfois concentrer un récit puissant dans peu de pages, il manque à celui-ci un brin de densité pour marquer les esprits.
Ma première expérience avec cette auteure restera comme une friandise poétique qui explose en bouche mais dont le goût ne dure pas assez longtemps. D’autres lectures de son œuvre seront donc nécessaires afin confirmer la belle sensation que m’a procuré brièvement cet écrit.
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