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L'écaille de Taborin

Couverture du livre « L'écaille de Taborin » de Lucius Shepard aux éditions Le Belial
Résumé:

Si un homme peut se mesurer à l'aune de ses obsessions, alors on aurait pu qualifier George Taborin de très petit, plus petit encore que les quartdhommes censés hanter les forêts de Tasmanie. Il était numismate de métier, passionné de pièces antiques par vocation, et il passait ses journées à... Voir plus

Si un homme peut se mesurer à l'aune de ses obsessions, alors on aurait pu qualifier George Taborin de très petit, plus petit encore que les quartdhommes censés hanter les forêts de Tasmanie. Il était numismate de métier, passionné de pièces antiques par vocation, et il passait ses journées à cataloguer, à nettoyer et à contempler ses trésors, imaginant ce faisant les sociétés dont ils avaient symbolisé la vitalité. Frotter, par exemple, le visage de Ptolémée sur une drachme trouvée à Alexandrie, et frappée à l'époque de l'invasion de Chypre par Démétrios Ier Poliorcète (sans doute à Salamine, la dernière cité à succomber au « Preneur de villes »), lui évoquait non seulement le contexte historique de l'Empire romain et de l'Égypte ptolémaïque, mais suscitait en lui des visions si saisissantes qu'il croyait sentir sur son torse le poids d'un plastron métallique ou humer l'odeur de naphte d'une flèche trempée dans le feu grégeois alors qu'elle grésillait dans les chairs de sa cible. On eût dit que du pouce il réveillait l'énergie de cette pièce de monnaie, qu'il libérait l'essence des instants qu'elle avait traversés, et il en allait ainsi depuis le jour de son sixième anniversaire, jour où son oncle lui avait offert une monnaie de cuivre phénicienne.

Cette nouvelle est extraite du recueil Le Dragon Griaule

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