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En 1471, le roi René, déjà âgé, quitte l'Anjou pour s'installer dans son comté de Provence. Mettant en ordre ses dernières volontés, il décide d'établir sa sépulture dans l'église des Carmes d'Aix. Pour en surmonter l'autel, il fait faire un grand triptyque à deux volets fermants qui, après la Révolution française, est transporté à la cathédrale Saint-Sauveur, où il vient de retrouver sa place après sept années de restauration.
Classé Monument historique depuis 1898, le triptyque du Buisson ardent s'est graduellement érigé en modèle archétypal du génie français : en témoignent ses participations répétées à de grandes expositions.
Fruit de regards croisés, la restauration de cette oeuvre - suite à des désordres constatés en 2003 - nécessitait de s'entourer des meilleures compétences : un comité scientifique a donc été constitué afin de permettre une confrontation permanente des différentes approches. Des personnalités du monde des arts, un partenariat avec l'université de Tokyo, le recours aux laboratoires les plus affirmés en ce domaine ont permis une meilleure compréhension. Récemment achevée, cette approche mérite d'être relatée, car porteuse d'enseignements extrêmement précieux sur la manière et les moyens de concevoir de telles oeuvres au xve siècle.
Ainsi, cette approche se propose de reprendre entièrement les fondements historiques de ce long temps où le triptyque traversa une inéluctable période de délaissement après la mort du roi et avant d'être soudainement remis en pleine lumière. Elle fournit également les repères indispensables à une bonne appréhension de la personnalité du commanditaire, de même que de celle de l'artiste - Nicolas Froment -, dont très peu d'oeuvres ont survécu (seulement deux ou trois lui sont attribuables).
De plus, il convient ici de donner la parole aux restaurateurs, scientifiques, chercheurs et conservateurs qui ont vécu dans l'intimité de l'oeuvre durant toutes ces années passées à la scruter, la comprendre, et enfin intervenir de manière méticuleuse et prudente. Mais, avant tout, chacun d'eux aura oeuvré pour un objet appelé à demeurer dans le cadre du monument auquel il est institutionnellement lié.
La finalité réelle de cette confrontation est de s'adresser autant à un public spécialisé qu'à un lectorat avide de comprendre le sens et le contenu de cette imagerie rejaillissant d'un passé lointain et malgré tout étonnamment moderne. Pour qui, néanmoins, s'y intéresse, des encadrés plus techniques procurent le rendu fidèle des investigations conduites sur les matières constitutives de l'oeuvre : bois, pigments, dorures, etc.
Enfin, traitant d'images peintes, il apparaît légitime que cet ouvrage s'appuie sur une illustration précise et abondante : un matériau photographique de tout premier choix, puisque c'est celui qui a accompagné le triptyque durant toutes les étapes de sa restauration. Ainsi, selon un «avant/après», l'ouvrage donne à comprendre comment, aujourd'hui, se conçoit la restauration d'un des fleurons du patrimoine français : avec une science appuyée et une infinie prudence.
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