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Que fut la Première Guerre mondiale pour les peintres ? Ce que l'on imagine : l'interruption des relations artistiques en Europe, l'éclatement des groupes, la paralysie des mouvements avant-gardistes qui prospéraient depuis le début du siècle.
Pour la plupart des peintres d'entre vingt et quarante ans, ce fut surtout la mobilisation, quatre années de danger, les combats, les tranchées et, pour plusieurs, la mort. Mais ce fut aussi l'expérience des limites de la peinture. Pour la première fois, un événement capital a, pour l'essentiel, échappé à l'art des peintres. Peu d'oeuvres en sont nées et des questions se sont posées bientôt : que peut le dessinateur ou le peintre face à une réalité trop dissimulée, trop raide, trop moderne pour lui ? Que peut il en comparaison du photographe, sinon du cinéaste, hommes de l'instantané et du document sur le vif ? Doit-il renoncer à peindre l'histoire de son temps, parce que celle-ci lui échappe ou, à l'inverse, doit il chercher des formules nouvelles dans le cubisme et le futurisme ? Celles-ci peuvent elles affronter l'horreur du champ de bataille et l'immensité de la souffrance ? On voit quelles seraient les conséquences si le peintre, décidemment, devait renoncer dans cette épreuve.
Tel est le propos de l'ouvrage, dont les principaux « héros » se nomment Leger ou Dix, Derain ou Severini, Vallotton ou Kokoschka, Beckmann ou Picasso.
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