"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Et nous remontâmes le fleuve, au-delà des méchants et pesants crocodiles ronflant au bord de chaque rive, au-delà des murs verts
de l'épaisse végétation qui dissimulaient Dieu seul savait quels terribles mystères et horreurs effroyables, au-delà des endroits où braillaient les hippopotames et au-delà d'iceux où les oiseaux aquatiques aux longues pattes se dressaient tels des signes de mauvais augure. En s'embarquant à bord d'un corsaire, un beau jour d'avril 1589, à l'âge de 31 ans, Andrew Battell n'aspire guère qu'à sentir le souffle salin emplir ses narines et à rapporter l'or nécessaire à son établissement. Mais Dieu réserve force surprises à ceux qui considèrent le monde avec assurance. Capturé sur les côtes du Brésil par les Portugais, convaincu de piraterie, expédié, fers aux pieds, dans l'un de leurs comptoirs négriers en Angola, il est contraint de leur servir de pilote. Ce marin anglais a bel et bien existé. Après vingt ans passés en Afrique, il put enfin rentrer en Angleterre où il dicta ses Mémoires au géographe Samuel Purchas. Robert Silverberg n'a pas inventé Andrew Battell. Il lui a simplement redonné vie et parole, recréant à l'aide d'une langue savoureuse, truculente et inventive qui reprend chacun des mots mêmes de Battell, le monde perdu des explorations et des découvertes maritimes du XVI? siècle.
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