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Depuis la révolution romantique jusqu'au triomphe des avant-gardes, la part la plus éminente de la création artistique et littéraire a été portée par un élan proprement religieux. L'oeuvre d'art a pu être assimilée à une révélation de la vérité transcendante et son créateur à un visionnaire ouvrant les portes de l'avenir. Mais considérer l'artiste comme un prophète et son oeuvre comme un dévoilement, n'était-ce pas parer une culture déjà sécularisée des atours illusoires d'un surnaturel voué à s'éclipser ? Sous cet éclairage, la religion de l'art ne serait qu'une ultime péripétie dans le processus de sortie de la religion, la boucle d'un dernier assouvissement de spiritualité avant la plongée dans un monde de part en part rationalisable, l'adieu sans retour possible au désir d'absolu. Cette interprétation n'est pas fausse sans doute, mais elle passe à côté de la dimension essentielle du phénomène qui, pour être perçue, nous oblige à saisir dans une même perspective la sphère de l'art et la question de la violence - question dont on sait qu'elle n'est pas sans rapport avec la production du sacré. Si la part la plus éminente de la création moderne tendit à échapper au monde profane, ce n'est pas seulement qu'un voeu pieux en a décidé ainsi, c'est aussi et surtout que la sphère de l'art s'est coulée dans la matrice dont est toujours sortie l'instance sacrée.
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Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 10 heures
Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 3 jours
Dernière réaction par RC de la Cluzze il y a 8 jours
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