Le patrimoine a fait l'objet, jusqu'à ces dernières années, d'un consensus.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Le concept et la pratique du patrimoine se sont élaborés depuis deux siècles au milieu de débats idéologiques et politiques souvent très vifs. Ce consensus a été rendu possible par l'élargissement de la notion de patrimoine, qui a fait preuve d'une grande plasticité. Hier limité au monument et à l'objet, contraint par la prédominance de critères esthétiques, le patrimoine intègre désormais la ville et le paysage ; tout est virtuellement patrimoine.
Pourtant, le patrimoine n'échappe pas aujourd'hui à un certain nombre de remises en cause. La pression idéologique de l'extrême droite tente, à travers une analyse spécieuse de la notion d'identité, de faire éclater ce consensus, qui pourrait également être menacé par la montée du communautarisme. Si l'on veut que le patrimoine ne devienne pas un instrument d'exclusion et de ségrégation, il convient de refonder ses principes et sa pratique, pour qu'il redevienne un élément de redéfinition du lien social.
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