"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au sein d'un cinéma portugais extrêmement vivace, João Pedro Rodrigues a imposé sa singularité depuis la fin des années 1990 avec une oeuvre de dixhuit films à ce jour qui réactive les genres cinématographiques : le fantastique post-Fantômas, le mélodrame à la suite de Sirk et Fassbinder, le film noir sur les traces de Sternberg...
Entêtants comme les désirs souverains qui les animent, ses films ont gagné une reconnaissance immédiate dans les plus grands festivals. O Fantasma, Odete ou Mourir comme un homme suivent leurs personnages à travers les méandres de leurs obsessions, du réel sur lequel ils butent vers son dépassement. Les corps des acteurs ne cessent de s'y métamorphoser et les films de muter avec eux, dans un chatoiement infini des genres, sexuels ou animaux aussi bien que cinématographiques.
Avec son directeur artistique, João Rui Guerra da Mata, il a également cosigné plusieurs courts et un long-métrage tournés à Macao, qui pistent les mystères et fantômes de l'ancienne colonie portugaise en mêlant l'aube rouge. Le cinéma et sa grande vie argentique de personnages humains ont fait place au film numérique en play-back d'une humanité éclipsée, «You Kill Me». » Article de Luc Chessel paru dans Les Inrocks en 2013, à la sortie de La Dernière fois que j'ai vu Macao :
« Très loin : Macao, Las Vegas d'Asie du Sud, ancienne colonie portugaise, surpeuplée. Tout près : le Portugal d'aujourd'hui, aux rues désertées, dépossédé de ses moyens de production. Très loin : Macao (Le Paradis des mauvais garçons), un vieux film (1952) de Josef von Sternberg, avec Robert Mitchum et Jane Russell, l'Asie en studio par un Autrichien d'Hollywood. Tout près : le cinéma sans argent, et les petites caméras numériques permettant de tourner pour presque rien, directement, sans être vu. Très loin : le monde sans l'Europe.
Tout près : l'Europe sans avenir. Très loin : les souvenirs de Guerra da Mata, son enfance à Macao. Tout près, une question : que faire de nos propres fantômes ?
Le film hante cet écart, ce temps entre le proche et le lointain. Il y a l'histoire, qui est une voix off : celle du cinéaste Guerra da Mata appelé d'urgence par une amie disparue, partie chanter la chanson de Jane Russell dans les casinos de Macao, qui lui demande de venir la rejoindre pour la sauver d'une mystérieuse menace.
Indiscernablement documentaire et fiction.
Extrait de la présentation de Marie Borel :
« Il a cette manière singulière, dévote et iconoclaste à la fois, d'apprivoiser les fauves, leur être-corps, si beau en ce monde profane. Constellations d'êtres au coeur fragile. Récits lents, rêves éveillés dont la mélancolie devient un accomplissement de paix. C'est par la terre que tout revient, sac et ressac telluriques, comme une marée. La durée brouille les sens et les humeurs.
Portraits oniriques, échappées belles. Reconnaissance posthume. Douceurs inédites. Délices négatives. Force d'une nostalgie sans nostalgie, saudade, cet affect qui est le Portugal même. Ce qui brûle guérit. La dernière fois qu'il a vu Macao, c'était l'année du tigre et de
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