"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
16 janvier 2018, 7h28 : il fait encore nuit devant le lycée, en périphérie d'une ville auvergnate. Emmitouflée dans sa doudoune, la prof se repasse le plan de son cours de philo et traverse la rue en dehors des passages piétons. Un klaxon la surprend, elle ne se retourne pas, fait un doigt d'honneur. La voiture se gare, un homme en sort précipitamment, hurle, la défie : « Recommence ! » Face à lui, nouveau doigt d'honneur. Il la gifle.
Ce n'est pas la première fois qu'elle rencontre la violence.
Battue dans son enfance, devenue adulte elle a été rouée de coups par un de ses élèves et plus tard insultée par un autre. Pourquoi ? Quel lien existe-t-il entre son corps et la brutalité ? A qui était destiné ce doigt ? Ce roman est une enquête sur deux minutes qui brisent sa vie. Parmi les profs, l'événement perturbe. Qui est coupable de la gifle ? Pourquoi a-t-elle pris le risque de ce second doigt d'honneur ?
En alternant dialogue en salle des profs et récits des faits, l'écriture tendue de ce Hors les murs de l'éducation nationale, interroge la question de l'origine de la violence. Celle qu'on subit, celle qu'on exerce, celle qu'on désire, celle qui arrive inévitablement, quand on est femme, quand on est arabe, quand on est prof.
Entre burlesque et lucidité profonde, Le doigt retrace à un rythme haletant les événements qui permettent de comprendre cette « victime en récidive », au travers de la comédie sociale des supérieurs, des médecins et de la justice qui sans cesse minimisent la violence.
J’ai rencontré à plusieurs reprises Dalie Farah, et ai été surprise par son enthousiasme, sa joie de vivre et sa façon de s’exprimer. J’ai déjà lu Retrouver Fiona, son dernier roman, dans lequel on peut ressentir toute la rage qu’elle met à combattre l’injustice.
Dans le doigt, l’autrice revient sur une agression qu’elle a subie, une gifle reçue, devant l’établissement où elle enseigne en tant que professeur de français, à Thiers.
De cette altercation, elle ne va pas sortir indemne : cela va la renvoyer à la violence qu’elle a subie, enfant, au sein de sa propre famille.
C’est une autofiction, racontée avec le cœur et les mots d’une professeure agrégée, avec la force d’une ancienne petite fille qui voulait prouver qu’elle peut réussir dans la vie, et toujours ce souci de justice, de reconnaissance.
Elle décrit avec précision une facette de l’Education nationale, celle qu’elle connait et pratique au quotidien, elle raconte les élèves, les adolescents, et la violence des hommes sur les femmes.
Quand on connait l’auteur et qu’on lit son roman, c’est sa voix qu’on entend, c’est son visage qu’on a sous les yeux et c’est sa peine et ses émotions que l’on partage.
Une juste analyse d’un geste qui a été lourd de conséquences, un doigt, un geste qui n’est pas anodin, jamais.
J’ai prévu de lire prochainement Impasse Verlaine.
Le doigt dont il est question, c’est le majeur, celui que l’on dresse lorsque l’on insulte sans prononcer un mot.
C’est ce que fait cette professeur agrégée de Lettres Modernes devant son lycée à un automobiliste qui l’a klaxonné. Un geste qui ne restera pas anodin.
Et l’auteure de nous expliquer que cette jeune professeure a foi en son métier, auréole au vent et Molière en bandoulière. Une hussarde noire des lycées qui y croit, verrouille tout jusqu’à ce que le petit grain de sable de la violence fasse irruption.
Cela aurait pu être un livre passionnant sur l’origine de la violence : celle subit par la jeune prof depuis son enfance, celle contre laquelle elle oppose Racine. Mais le style de l’auteure, trop haché, trop rapide, ne m’a pas permis de m’installer dans son livre.
J’avais pourtant aimé les citations à chaque début de partie. Oh, pas celles de Grands Auteurs mais plutôt de lycéens, comme un contre-pied amusant.
" Un sacré bout de femme, cette Dalie Farah !"
Propos de ma cousine qui l'a rencontrée au détour d'une réunion littéraire lors de laquelle notre collègue avait présenté son livre.
Livre cadeau pour remercier. Livre qui résonne.
Je viens d'apprendre par des voies détournées que les heures que j'occupe dans le collège où j'enseigne depuis trois ans seront supprimées l'année prochaine. Par des voies détournées. Pas par la voix de mon chef d'établissement. Mépris de l'institution, j'ai l'habitude. Mépris de ses personnels, un peu moins. Je me vois réduite à mes lettres : TZR. A mes heures : BMP. Je ne suis qu'un chiffre. Je ne suis rien.
Un peu comme Dalie. On veut bien de nous tant qu'on enseigne avec passion, tant qu'on monte des projets dans tous les sens sans rien demander en échange. Aucun problème pour nous exploiter, nous faire faire du bénévolat. Par contre, le jour où on demande l'aide qui nous est due, là, plus personne.
C'est ce qu'a vécu Dalie. Alors qu'elle traverse la route pour rejoindre le lycée sans salir ses chaussures, un automobiliste la klaxonne. Par réflexe, elle lui fait un doigt d'honneur. L'automobiliste fonce, arrête sa voiture devant le lycée, en sort, l'écrase de sa hauteur et lui intime l'ordre de recommencer. Elle recommence. Il lève le bras, prend son élan et lui assène une gifle monumentale qui lui résonne dans l'oreille.
La violence du geste fait écho à la violence de l'insulte proférée par Jonathan, quelques années plus tôt, à celle des coups de Django, encore avant, à celle des maltraitances de ses propres parents, dans l'enfance.
Elle, Dalie, prend la peine de considérer les gens. Ils s'appellent Django, Jonathan, Laurent. Les chefs qui refusent de la soutenir ont un nom, le recteur a un nom, le légiste a un nom, le gendarme qui prend sa déposition a un nom.
Elle, c'est elle. Elle s'en prend plein la figure parce qu'une victime est forcément coupable. Double violence. Elle remet tout en question, se noie dans ses pleurs sur son radeau d'oreiller au milieu de son océan king size, souffre dans son corps et dans son coeur. Bien loin d'elle, sa cape, son auréole clignotante et son sabre laser de défenseuse de la République et de ses valeurs. Liberté limitée. Egalité abonnée absente. Fraternité inexistante.
Le style est dérangé comme l'héroïne. Pensées de prof de lettres et philo qui partent explorer la vérité de la vie. Bribes de conversation entendues en salle des profs. Récit introspectif qui part en balade dans le temps. Dalie comme une superposition de strates temporelles qui s'empilent jusqu'à atteindre son mètre cinquante-deux. Assez haut pour prendre une gifle. Parce qu'elle a fait un doigt à un automobiliste.
Née en Auvergne , D. FARAH est auteure , professeur de littérature et philosophie .
Dans ce deuxième roman elle se raconte : un matin devant le lycée elle traverse hors du passage piéton , se fait klaxonner Sa réponse un doigt d'honneur .
J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire ; la construction du roman , l'alternance des propos des profs en salle des profs et ce que ressent l'auteure m'a un peu dérouté .
La fin du roman par contre est plus lisible illustre très bien la quête de l'auteur sur son rapport à la violence , ce qui l'a poussé à faire les deux doigts d'honneur du haut de son 1m52 .
Les questions d'où vient la violence ? Quelle est la part de soi dans ce qui nous arrive ? sont bien abordées .
Roman autobiographique d'une clermontoise, professeure agrégée de français qui officie avec des classes difficiles et se trouve confrontée, malgré une volonté de bien faire à des problèmes récurrents souvent sans solutions. le déclencheur de cette confession est un doigt d'honneur adressé et renouvelé à un automobiliste indélicat et violent. L'écriture est originale, directe avec une bonne dose d'auto dérision, et met en évidence la situation d'une Education Nationale qui ne parvient pas à réduire les inégalités sociales
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/03/le-doigt-de-dalie-farah.html
16 janvier 2018, 7h28 dans une petite ville d'Auvergne. Une professeur de philo se rend au lycée et traverse la rue en dehors du passage piétons, un conducteur klaxonne, elle se retourne et lui fait un doigt d'honneur. L'homme se gare et la défie en hurlant "Recommence!", elle lui refait un doigt d'honneur. Il la gifle violemment.
Ce n'est pas la première fois que cette prof rencontre la violence. Onze ans plus tôt, elle avait été rouée de coups par un élève gitan, elle qui voulait être une prof parfaite avec "son auréole et sa cape", elle qui croyait en la République et en l'éducation nationale envers qui elle se sent redevable... Ces quelques minutes devant le lycée réveillent en elle les souvenirs d'autres coups reçus. Elle va s'interroger : qui voulait-elle défier avec ce doigt ? Elle va remonter jusqu'à son enfance, jusqu'à la brutalité subie de la part de ses parents puis dans sa vie d'adulte en tant que femme arabe agrégée. "Tu as été éduquée ainsi, t'en as pris des coups, c'est comme ça qu'on t'a aimée... C'est comme ça que tu as été fabriquée. "
Voilà un livre qui bouscule par son style, une écriture au scalpel qui claque, un langage souvent cru, un style très nerveux qui n'est pas dans ceux que je préfère, qui m'a parfois perdue, mais qui colle bien au sujet. "Elle est un chef-d’œuvre de la République, jusqu'à ce que le chef-d’œuvre républicain ait un énorme bleu au cul". En alternant les discussions en salle des profs et le récit des faits, la prof tente d'analyser les origines de la sauvagerie qu'elle sent en elle et la mécanique de la violence individuelle et collective. Elle souligne le manque de soutien de l'éducation nationale qui préfère étouffer les affaires où la violence des élèves atteint les profs. Un roman empreint de rage mais dans lequel l'autodérision n'est jamais absente. Un avis mitigé à cause du style.
Janvier 2018. Thiers. Une prof de français traverse hors des clous pour ne pas salir ses bottines avant d’aller en cours. Un automobiliste la klaxonne. Surprise, elle lui fait un doigt d’honneur. L’homme se gare devant elle et la somme de recommencer. Elle s’exécute. Il la gifle.
La gifle qui la ramène à toutes les violences dont elle a été victime. Dans sa carrière et sa vie personnelle.
Une réflexion sur l’origine de la violence et la façon de la recevoir. Quand on est une femme. Quand on est arabe.
Un très beau texte, puissant, riche et émouvant.
A lire face au Puy de Dôme.
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