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Amélie avait été une petite fille triste, pauvre, seule. Elle était devenue une jeune fille dont la seule richesse visible, le seul avantage flagrant, se voyait au premier coup d'oeil. Elle était divinement belle. D'une beauté qui attire le regard. D'une beauté qui vous coupe le souffle. D'une beauté qui aurait pu faire croire que Dieu lui-même l'avait choisie. Et pourtant. Il y avait dans ses yeux cette sorte de mélancolie convenable, insondable et sombre, comme l'horizon mourant au fond de l'étang proche du lieu où elle avait passé son enfance. Il y avait dans ses yeux immenses cette tristesse contenue de ceux que la bonne fée a froidement dédaignés. Il y avait dans son regard cette résignation qui accable les plus humbles, les plus démunis. Il y avait au fond de ses yeux, qui auraient pourtant mérité l'amour, le reflet de la vraie, de la pure misère. Sa longue chevelure brune tombait en cascade sur ses reins en de grands mouvements soyeux, frémissant sous la caresse du vent comme les hauts roseaux de la berge. Elle possédait une allure élégante et noble. Pas d'une élégance apprise, calculée, non, d'une élégance innée et d'une noblesse naturelle. Ses pauvres vêtements paraissaient joliment faits sur elle. Sa démarche souple et presque sauvage, sa façon de se déplacer dans la forêt la rendaient encore plus mystérieuse. Si ce coin de nature solognote était magnifique, Amélie l'était encore plus. Amélie allait avoir vingt ans et peu de gens pouvaient se vanter de l'avoir vu sourire. Elle était comme une âme dénudée, exprimée en un visage et vivant en une silhouette. D'une beauté que l'on ne pouvait dire. Celle d'une hampe de lilas blanc, de la pulpe d'une pêche de vigne, d'un coquelicot s'ouvrant sous la chaleur, d'une soirée d'été où l'on sent un léger souffle rafraîchissant. Elle était une simple promesse de bonheur... et pourtant !... Elle avait chaud, Amélie. Puis elle avait froid. Puis elle toussait par quinte successive. Puis elle tressautait. De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front... Et pendant ce temps, les souvenirs affluaient, se télescopaient, défilaient... Au fil des souvenirs d'Amélie, Gérard Bardon nous promène dans la vie, les moeurs, les traditions des Solognots du début du XXe siècle.
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