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« Être revient à vivre une longue suite de moments courts. De ces brèves minutes, un pas foulant un sol boueux, un train qui passe, une aube, une enfance, un amour, un linge tendu sur un fil, la poésie a le pouvoir de saisir la beauté vive dans ce qu'elle a à la fois de faillible et d'irremplaçable. C'est à une danse que nous sommes conviés ici, ce bal des choses communes à toute vie, épinglées juste avant leur entrée dans ce que Victor Hugo appelait « cette taupe aveugle, le passé ». Pour qu'il en reste une survivance brillante, une marque accessible, juste en fermant les yeux ».
J.P.
Il y a un chemin veiné comme du bois. Quel sang le remplit ?
La distance prend le monde ou le regard ?
J'avance nue d'abandon au coeur des choses.
De l'autre côté des gens sourient.
Aussi, que dit la brume ?
Que reste-t-il des transparences dans son sommeil ?
Les mots font tellement de bruit quand ils se taisent.
Blessée de toutes les guerres, ne parler qu'aux oiseaux.
La Veine, extrait du Bal des choses immobiles.
© Editions Alcyone.
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