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Été 1759. L'armée britannique assiège Québec. De Pointe-Lévy, Monckton bombarde la ville. Campé sur la rive est de la rivière Montmorency, Wolfe cherche désespérément le moyen de faire bouger Montcalm, résolument retranché à Beauport. Il tente vainement de traverser la rivière le 31 juillet, commande des incursions du côté de Portneuf, soupèse différentes hypothèses, mais le temps passe, il est malade, ses adjoints le contestent, l'automne approche et il doit envisager la possibilité de lever le siège.
En juin, il a fait afficher un placard enjoignant les civils de demeurer à l'écart du conflit, mais cet avertissement n'a pas eu l'effet souhaité. Comme il l'écrit lui-même, «des vieillards de soixante-dix ans et des garçons de quinze ans postés à la lisière de la forêt font feu sur nos détachements, et tuent ou blessent nos hommes».
À la mi-juillet, Wolfe somme les habitants de rentrer tranquillement chez eux, sinon, «s'ils persistent à prendre les armes», il fera ravager leurs propriétés. C'est d'ailleurs ce qu'il avait prévu, en cas d'échec: détruire les récoltes, les maisons et le bétail, «expédier en Europe le plus grand nombre possible de Canadiens en ne laissant derrière [lui] que famine et désolation», bref, répéter ce que les nombreux Acadiens réfugiés dans la région de Québec et de Bellechasse ont sûrement raconté à leurs hôtes...
En août, pendant que le siège s'éternise, il fait raser Baie-Saint-Paul et La Malbaie, puis des paroisses de Lotbinière et toute la côte de Beaupré. Au tout début de septembre, il ordonne à ses troupes de choc d'aller ravager les riches fermes de la Côte-du-Sud, à l'est de Pointe-Lévy, à des dizaines de kilomètres du théâtre des opérations.
L'Année des Anglais raconte comment les habitants de la Côte-du-Sud ont vécu l'année 1759. Cachés «dans les profondeurs», ils ont vu les troupes débarquer à Kamouraska et à Saint-Thomas (Montmagny) le 9 septembre. Avec leurs faibles moyens, en l'absence des miliciens regroupés à Québec pour défendre la capitale, ils ont multiplié les embuscades dans l'espoir de ralentir les pillards et les incendiaires.
Né à Saint-Jean-Port-Joli, Gaston Deschênes a fait carrière comme historien à l'Assemblée nationale du Québec. La Société historique du Canada lui a attribué un certificat de mérite pour la première édition de L'Année des Anglais (1989) et ses autres ouvrages sur sa région natale lui ont valu le Mérite historique régional (2005), le prix littéraire Philippe-Aubert de Gaspé (2007) et le prix Monique-Miville-Deschênes (2009).
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