"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est aussi une histoire de coeur. Aussi extraordinaire que cela paraisse, « la réponse cérébrale à ses battements serait à l'origine de la conscience de soi », la conscience trônant, on l'aura vu, comme grand titre de couverture de ce mois-ci de La Recherche. Grâce à sa position centrale dans notre corps, le coeur constituerait un « point d'ancrage » pour différentes régions du cerveau (cortex somatosensoriel, cortex cingulaire, insula) et participerait à la « stabilité du soi » (lire p. 41). De telles explications, émanant de Catherine Tallon-Baudry, de l'École normale supérieure de Paris, qui évoque dans nos pages ce qu'elle nomme un « soi minimal », ont déjà de quoi bouleverser. De fait, c'est tout le dossier piloté par le journaliste spécialisé Gautier Cariou qui se révèle renversant.
TRÈS ÉCLAIRANTE est l'observation de la directrice de recherche selon laquelle la science de la conscience se trouve « à un tournant » (p. 34). Jadis réservé ou presque aux philosophes, le sujet est passé aux mains des biologistes, tout particulièrement des neuroscientifiques, qui n'hésitent plus à appréhender ce qui a pu longtemps sembler relever de l'ineffable. Mieux, ils en sont à concevoir des expériences en bonne et due forme, dont certaines vont démarrer en 2020, pour tester les principales théories. Les institutions, a-t-on cru comprendre, ont encore un peu de mal à se faire à ce genre de thème multidisciplinaire. Mais assurance est donnée que, dans les laboratoires, les spécialistes traitent du thème de la conscience avec toute la rigueur souhaitable d'un travail scientifique sérieux. En l'occurrence, et c'est là l'autre sujet d'étonnement majeur, les chercheurs ont renversé la table, ou plutôt leur posture. Après des décennies de béhaviorisme s'intéressant au seul comportement des individus, laissant de côté l'activité propre du cerveau telle celle d'une boîte noire, voici revenue en grâce la prise en compte de la subjectivité !
NON, « la conscience n'est pas le simple aboutissement naturel d'une cognition de haut niveau ». Oui, on demande « aux volontaires de rapporter leurs ressentis subjectifs ». Alors ? Que penser ? Qu'il faudra attentivement décrypter le résultat des expériences scientifiques pour exhiber la meilleure théorie explicative. Ainsi, et ainsi seulement, on pourra comprendre (admettre ?) ce qu'affirment déjà certains chercheurs, à savoir que la conscience n'existe pas seulement chez l'humain, mais aussi chez l'animal, des chimpanzés aux éléphants en passant par les rats. Révolution en perspective.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !