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A l'apogée de sa maturité, un jour, pour la femme, " le soleil n'a plus rendez-vous avec la lune ".
Les règles, jusque-là ponctuelles au fil du calendrier, se dérèglent, s'esquivent, s'évanouissent. Leur disparition est progressive, mais inéluctable, précédée de signes avant-coureurs. Le phénomène est programmé dans la nature de la féminité. Ce changement, ce manque ne vont pas sans une certaine nostalgie. Les " pauses mensuelles " qui s'espacent, s'effacent définitivement, sonnent le glas de la plus émouvante des potentialités : donner la vie pour se perpétuer.
Remonte alors à la conscience un temps fort de l'existence, quand leur apparition, préparée ou surprenante, en un instant, à la fois magique et traumatisant, fit d'une enfant une femme. Ce rituel biologique s'est lové au coeur de l'intimité profonde, secret ou partagé, tour à tour capricieux, douloureux, contraignant, voire repoussant, sécurisant, décevant ou absent. signant alors le message exaltant d'un heureux événement.
La cassure de ce rythme familier, dont on a parfois souhaité la délivrance, désagrège la notion du temps et même la fige, désarroi oblige. Ce brutal signal d'alarme est spécifiquement féminin. Le flux symbolique, auparavant sans cesse renouvelé, ne témoigne plus de la source nourricière de l'être, qu'on croyait presque intarissable. Le spectre de " l'âge critique ", c'est la critique de l'âge. Chaque matin, le miroir renvoie une image qui, par petites touches successives, se flétrit.
La patine du temps éteint, jaunit, blanchit, duvette, épaissit, amaigrit, émacie, voûte, arc-boute, rétrécit, déforme, grimace, brinquebale, claudique, appesantit, fragilise. Le corps qui change signe la fuite du temps qui passe. Il nous désobéit, comme le confirme Simone de Beauvoir avec lucidité : " Moins je me reconnais dans mon corps, plus je me sens obligé de m'en occuper. Il est à ma charge, comme un vieil ami disgracié, un peu diminué, qui aurait besoin de moi.". Mais aujourd'hui, la femme n'est plus seule à le soigner. La science est un auxiliaire audacieux. Les hormones de substitution s'en mêlent. Elles promettent de maintenir la " jeunesse ", sinon la vitalité et la séduction : beaux cheveux, peau sans ride, ligne fine, os solides, articulations souples, coeur, artères en forme, et même, tant qu'à faire, libido stimulée. Ces messagères " patchées" oeuvrent désormais dans nos organes.
Elles y effectuent des opérations efficaces, spectaculaires, mais hélas risquées, cancérigènes. De quoi déchanter. Y a-t-il d'autres voies de salut, à part celle des oestrogènes et des progestatifs que l'on prétend merveilleuses, incontournables ? Une ménopause à l'ancienne, c'est-à-dire celle que nos mères vivaient tout naturellement du monde, est-ce concevable ? De toute façon, rien ne sera plus donné d'office, étant donné l'allongement de l'espérance de vie.
Dorénavant, prendre le troisième tiers de l'existence à bras le corps n'est pas un problème de mode, mais un mode de vie face à auquel s'interroge chaque femme du XXIe siècle.
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