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Une comptine scolaire, qui a chantonné dans la mémoire de générations d'écoliers, réunit les illustrations du Grand Siècle : « Une corneille perchée sur la racine de la bruyère boit l'eau de la fontaine Molière. » Le nom de Boileau y exerce la fonction cohésive du groupe verbal. Il rassemble autour de lui la génération classique, mais il y perd son intégrité.
C'est cette fortune paradoxale qui est l'objet de ce livre. Boileau incarne le classicisme français. C'est lui qui « grince des dents » le soir de la bataille d'Hernani. Son nom ne cesse de revenir, depuis quatre siècles, dans les débats littéraires, avec une constance telle que Thibaudet a proposé de voir en lui le « président » de la République des Lettres. Mais en contrepartie de cette position cardinale, l'oeuvre est peu lue, mal connue. C'est tout le paradoxe de Boileau : la présence du nom s'accompagne d'un relatif oubli de l'oeuvre.
Le présent livre s'efforce de décrire ce que recouvre le nom de Boileau, de Houdar de la Motte à Lacan, de Sainte-Beuve à Proust, de Victor Hugo à Baudelaire, Queneau, Francis Ponge ou Philippe Beck. L'étude d'une figure revient à s'interroger sur la formation des abstractions moyennes qui habitent la mémoire culturelle et que mettent en récit les scénarios historiographiques.
C'est l'ambition épistémologique d'une enquête qui est aussi une réflexion sur les métamorphoses de l'idée de littérature.
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