S'il n'y a pas eu, pendant tout le cours du Moyen Âge, de période plus sombre que le XIVe siècle, il n'y en a pas eu non plus qui ait suscité des esprits et des coeurs plus lumineux et plus héroïques. Cette étonnante opposition entre des moeurs d'une brutalité sauvage et une singulière élévation d'âme, c'est peut-être dans la vie humaine et spirituelle de Catherine de Sienne qu'elle se manifeste avec le plus de netteté. Robert Fawtier s'est attaché à démêler, en passant les rares sources historiques dont nous disposons au crible d'une critique sévère, ce que fut l'expérience humaine de la sainte, instrument involontaire des rivalités des communes italiennes ; il a cherché à fixer son rôle dans le grand schisme d'Occident ; il a montré à quel point il put y avoir désaccord entre sa soif d'absolu et les tortueuses nécessités de la politique ; il a enfin décrit la défaite de Catherine, consciente d'avoir perdu la bataille livrée pour la réforme de l'Église. Louis Canet expose, lui (et c'est la première fois que ce travail est fait) l'expérience spirituelle de la sainte. II établit ce que fut cet «absolu», cette «idée» dévorante qu'elle s'acharna à faire descendre dans les actes des hommes ; il en recherche les sources, au cours d'une enquête savante et minutieuse ; il montre enfin la virilité, la puissance de sa conception de l'amour divin et de la Liberté, l'une des plus fortes que l'homme ait jamais eue.
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