Retour sur la soirée par Colette LORBAT, lectrice
1949 : Josef Mengele arrive en Argentine.
Caché derrière divers pseudonymes, l'ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s'inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L'Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s'enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l'angoisse, ne connaîtra plus de répit... jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.
Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant ?
La Disparition de Josef Mengele est une plongée inouïe au coeur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d'opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l'argent et l'ambition. Voici l'odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre.
Retour sur la soirée par Colette LORBAT, lectrice
Le 23 novembre à 18h, à Paris dans le 15e arrondissement.
Un Goncourt et un Renaudot d’excellent niveau, mais de bien sombres préoccupations
Il y a tant lire ! Nous vous avons sélectionné quelques titres incontournables
En 1949, Josef Mengele se réfugie à Buenos Aires. Avec l’aide d’anciens nazis en fuite comme lui, et celle, financière, de sa famille (de riches industriels allemands), l’ancien médecin tortionnaire du camp d’Auschwitz espère ainsi se cacher et échapper aux chasseurs de criminels de guerre.
A l’époque, l’Argentine de Juan Perón est l’asile rêvé des fascistes. Perón espère tirer profit de la Guerre Froide et de l’opposition des blocs Est-Ouest pour transformer son pays en super-puissance. Il veut pour cela se servir des compétences des déchus (déchets) de la Deuxième Guerre, de ceux qui sortent des « poubelles de l’Europe », des esprits si brillants de feu le Troisième Reich.
Mais le rêve de Perón tourne court, le régime change et les nazis perdent leur protection. Mengele doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil, où il mourra en 1979, sans avoir été arrêté ni jugé pour ses crimes.
Trente ans d’impunité qui s’expliquent par les contingences et les priorités de la real politik, qui ont fait que l’étau de la traque s’est tour à tour resserré et desserré autour de Mengele sans jamais l’étrangler.
L’homme n’en a pas pour autant coulé des jours heureux et sereins sous les tropiques. Paranoïaque, lâche, égocentrique, pleurnichard, froussard, la torture mentale ne l’aura pas épargné. C’est la moindre des choses pour un type qui semble ne jamais avoir regretté ses crimes, convaincu qu’il oeuvrait pour le bien de la science nazie.
Dans cette biographie romancée et très documentée, Olivier Guez relate l’histoire de Mengele en l’inscrivant dans le contexte politique argentin. Malgré les zones d’ombre qui persistent, il dresse un portrait psychologique convaincant de Mengele. L’écriture est fluide, mais le rythme parfois un peu trop échevelé, surtout au début, où l’auteur distille une foule d’informations historiques et politiques à une cadence qui les rend difficiles à assimiler.
Mais « La disparition de Josef Mengele » est un livre instructif, captivant, nécessaire, pour ne pas oublier.
Un livre qui mélange la rigueur historique à l'art romanesque.
J'ai beaucoup apprécié la narration et appris de nombreuses choses.
Sujet douloureux à évoquer, mais Olivier Guez a su éviter tous les écueils.
Le style littéraire est fluide et percutant. Belle lecture.
Ce roman est si proche de la réalité historique que l'on pourrait presque le considérer comme une enquête journalistique, sauf que l'auteur y a mis sa patte, imaginant ce que nous ne saurons jamais autrement. Cette traque de Joseph Mengele, personnage on ne peut plus glaçant, se lit pourtant avec fascination tant l'auteur a su nous entrainer à sa suite.
M. Oliver Guez confiera au journal Le Monde, à propos de ce roman : « Je ne souhaite à personne d’avoir à se lever, chaque matin, en pensant à Mengele ». On le comprend en lisant cet ouvrage. Car, même si l’auteur extrêmement bien documenté est parfaitement conscient des crimes abjects de son personnage, il ne joue pas à effrayer en étalant les horreurs de la légende noire de l’Ange de la Mort. Il cherche même plutôt le contraire, à nous faire comprendre à quel point Mengele est un homme comme tous les autres hommes, et la dernière phrase de ce roman est terriblement sombre et pessimiste : « Méfiance, l’homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes ».
Lecture qui nous fait réfléchir, et qui nous offre une plongée dans une Amérique du Sud terre bénie des anciens nazis, de l'Argentine de Perón au Brésil en passant par le Paraguay. Une impressionnante reconstitution, historiquement très solide, de la vie après-guerre d’un criminel sans remord, qui n’a qu’un but, sauver sa peau, d’une manière un peu minable, en manipulant ses proches et en exploitant sans vergogne ceux qui acceptent de l’aider. Sans oublier pour autant Auschwitz et ses recherches anthropologiques et génétiques, qui l’obsèdent. Mais en oubliant bien facilement les horreurs commises pour ses précieux résultats.
Deux regrets, un style appliqué mais sans surprises et une construction trop linéaire pour un ouvrage qui s’assume comme étant un roman. Certes l’auteur est très bien renseigné et maîtrise son sujet, mais en choisissant la forme romanesque il aurait dû franchement s’écarter de ce qui ressemble trop souvent à une biographie. Au-delà de ces constatations formelles, un ouvrage très riche sur le fond, d’un pessimisme salutaire.
La disparition de Josef Mengele d'Olivier Guez
En avril 1949, arrive à Buenos-Aires , au douanier ce fugitif tend un document de la Croix Rouge Internationale, une autorisation de débarquement, un visa d'entrée. Helmut Gregor 1,74 m yeux brun vert, né le 6 août 1911 à Termeno ou Tramin en Allemand, commune du Sud Tyrol, citoyen Allemand de nationalité Italienne, catholique, profession mécanicien. Le douanier inspecte ses bagages, vêtements méticuleusement pliés, portrait d'une femme blonde, des livres quelques disques d'opéra et dans une plus petite valise seringues hypodermiques, cahiers de notes schémas anatomiques, échantillons de sang, de plaquettes, de cellules...fruits précieux d'années et d'années de recherches. Intrigué le douanier appelle le médecin du port. Celui ne comprenant rien et presser de déjeuner fait signe au douanier de le laisser passer. Ce 22 juin 1949, Helmut Gregor a gagné le sanctuaire argentin. Cet homme qui vient d'entrer en territoire argentin n'est autre que le médecin de la mort. Josef Mengele.
Pas à pas dans ce livre d'Olivier Guez, nous allons suivre le parcours de cache en cache de cavale en cavale de ce criminel de Guerre poursuivit en un temps par le Mossad, protégé par sa famille, ses anciens coreligionnaires nazis, ces nostalgiques du Führer installés en Amérique du Sud. Ce Josef Mengele est débusqué en Argentine, suivi au Brésil et manquera d'être arrêté en Allemagne à la suite d'un accident de circulation. A chaque fois, il sera sauver par des complices, par les circonstances, par des femmes amoureuses prêtes à tout. L'on peut s'étonner qu'il est pu traverser ces années sans être inquiéter acceptant des petits boulots, ou même là son autoritarisme semble compris. Il est vrai qu'il paye bien les services que l'on lui rend étant abondamment pourvu en liquidité par toute une organisation nazie bien implantée dans cette société civile d’Amérique du Sud. Plusieurs interrogations se font jour à la lecture de ce livre, les services israéliens tout proche de lui mettre la main dessus arrête brutalement leurs investigations pour partir vers une enquête plus importante, et autres péripéties ? Au fur et à mesure des chapitres, il semble que cette traque s'enlise, que cette cavale de Josef Mengele qui n'a jamais ressenti la moindre culpabilité ne s’arrêtera pas.
Cette cavale s'arrêtera le 7 février 1979 , il entre seul dans l'eau turquoise , tête basse et se laisse flotter, ne sent plus son corps endolori ni ses organes viciés, porté par le courant qui l’entraîne vers le large et les grands fonds quand brusquement sa nuque se raidit ses mâchoires se serrent, ses membres et sa vie se figent.. L'oncle Pedro est mort. Le lendemain il est inhumé sous sa fausse identité à Embu. Seule la femme et le directeur et un employé du cimetière assistent à la mise en terre de Wolfgang Gerhard. Le 21 juin 1979 les médecins légistes identifie le squelette découvert à Embu comme étant celui de Josef Mengele. En 1992 des tests ADN confirment l'avis des experts. Les os de Mengele sont légués à la médecine brésilienne en mars 2016, livrés aux manipulations des apprentis médecins de l'université de São Paulo.
C'est cette histoire d'un homme sans scrupule qui n'a eu jamais aucun remord aux regards des crimes et exactions les plus monstrueuses commises, que vous découvrirez en lisant ce livre qui pour moi, figure parmi les documents essentiels à connaître pour ne pas que des hommes reviennent propager ce mal.
Et ce n'est pas un roman...
J'ai adoré ce livre, j'ai retrouvé les routes, les rues de Buenos AIres, l'histoire. Suspense, critiques et analyses d'une société et de la guerre.
Médecin zélé au camp d'Auschwitz, Joseph Mengele mourra en 1979 sans avoir été jugé.
Dans cette formidable enquête romancée, Olivier Guez suit les différents endroits d'Amérique où s'est réfugié cet homme qui ne renie rien. Et montre ce monde corrompu qui a protégé des criminels pendant tant d'années.
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