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La commissaire Viviane Lancier n'est pas du genre poète, mais la voici condamnée à se passionner pour Baudelaire : un sonnet torride dont il serait l'auteur se transforme en serial killer, envoyant à la morgue ceux qui s'y intéressent. Flanquée de son ingénu lieutenant, Viviane Lancier plonge dans une enquête où semblent la narguer les morts, les survivants et même les revenants.
Un roman policier littéraire ? Vous en réviez, Georges Flipo l'a fait ! Un vrai régal de lecture pour qui aime l'un des genres ou les deux réunis. Un mort qui se prend pour Victor Hugo, un lieutenant de police connaisseur de Baudelaire, l'Académie Française en cause dans un assassinat et beaucoup de références littéraires, on sent que l'auteur s'est fait plaisir sans jamais devenir pédant.
En changeant de style et en abordant l'écriture d'un roman policier -même si sa bibliographie fait apparaître des écrits policiers pour une émission de radio-, Georges Flipo ne laisse pas de côté ce que j'aime bien chez lui : une vraie maîtrise de son sujet et une vraie écriture. Pour le premier point, on sent qu'il s'est documenté sur les procédures judiciaires, sur le fonctionnement d'une DPJ. Il reste aussi fidèle à sa critique féroce et probablement réelle -et tellement savoureuse- du monde de la télé, des gens qui y travaillent ou gravitent autour et de son pouvoir d'attirance extrêmement fort envers nous, simples citoyens ; le "vu à la télé" étant de nos jours une marque de "qualité".
Pour le second point, Georges Flipo use d'un vocabulaire à la fois riche et simple, varié, dans un style personnel assez reconnaissable. J'ai beaucoup ri lors de cette enquête -un peu comme dans certains romans policiers d'Exbrayat- La confrontation entre la commissaire qui "n'aime point les vers" et son adjoint, le lieutenant Monot féru de littérature est fine et délectable. J'ai lu et pris du plaisir, beaucoup plus pour l'ambiance et les personnages que pour l'enquête, même si celle-ci n'a rien à envier à d'autres polars. Mais bon, on est loin d'un thriller états-unien sanglant, avec des rebondissements toutes les deux pages. Et c'est tant mieux ! On peut regretter que la commissaire soit un peu trop embarassée de ses problèmes personnels (rupture amoureuse proche et douloureuse, et quelques kilos en trop) et qu'elle néglige un peu son enquête : elle a parfois l'air d'une débutante, mais je pardonne aisément. Et non seulement je lui pardonne, mais en plus, étant donné qu'elle est bien partie pour faire d'autres enquêtes (La commissaire n'a point l'esprit club est prévu pour 2011), j'attendrai avec une certaine impatience de replonger dans cette atmosphère policière "flipoenne". Que l'auteur veuille bien m'excuser ce néologisme !
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