"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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J'ai découvert un personnage, un poète, un blessé de guerre. Mais ce livre vite lu, sera vite oublié pour moi.
Je connais l'auteur depuis la parution de son premier livre intitulé "Dans ma peau." Dans celui-ci il tentait d'expliquer au lecteur sa maladie (il est atteint depuis 2003 de myopathie mitochondriale avec un corps en partie invalide) et de montrer comment il la vit au quotidien.
En revanche, je ne connaissais pas du tout Joë Bousquet. Mais le bel hommage que lui rend G. de Fonclare dans son livre m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur l’œuvre du "poète immobile."
Attention cependant, ce livre n'est pas une biographie, Guillaume de Fonclare le dit lui-même : "Je ne suis pas un biographe, et je n'ai pas cherché à l'être ; je voulais simplement découvrir comment vous aviez réussi ce tour de force de continuer à vivre en dépit de toutes les entraves que vous a imposées le destin."
L'auteur fut directeur à l'historial de la Grande Guerre à Péronne et c'est là qu'il découvrit Joë Bousquet (1897-1950), devenu poète et écrivain. Ce dernier fut paralysé partiellement pendant la 1re guerre mondiale, à cause d'une balle allemande, sur le front de l'Aisne le 27 mai 1918.
Grâce au talent de Fonclare, on entre dans l'intimité de Joë : sa jeunesse, sa période de paralysie partielle, ses amours, sa passion pour les lettres, etc.
Au final, un livre magnifiquement écrit qui réunit deux écrivains par la souffrance.
Guillaume de Fonclare est atteint d'une maladie auto-immune qui peu à peu l'immobilise, le contraint au fauteuil roulant ou à la marche avec béquilles. Il souffre, doit subir des soins autant désagréables que douloureux. Il a déjà écrit Dans ma peau et Dans tes pas. Dans Joë, il dialogue avec Joë Bousquet, lui parle en le vouvoyant et fait des analogies dans leurs souffrances, leurs manières de vivre, leurs difficultés à subir le regard des autres. Mais jamais il n'est larmoyant, son récit est positif, il donne envie de découvrir l'œuvre de Bousquet, même s'il la juge énigmatique : "Je vous ai lu ; enfin, pour tout dire, j'ai lu tout ce que je pouvais lire, tout ce qui m'était accessible, car vous lire est difficile, ardu même ; votre prose est impénétrable pour qui n'a pas le courage d'entrer tout entier dans cette jungle sauvage et touffue, et il ne faut pas craindre d'être griffé et mordu, de se faire malmener par une langue qui n'a rien de commun ailleurs qu'entre vos pages." (p.17/18)
G. de Fonclare débute son livre par la guerre et la balle qui cloue Joë Bousquet, puis il revient en arrière sur sa naissance oh combien compliquée, puis sur ses années de jeunesse tumultueuses ; ensuite, on repart en guerre, puis logiquement on suit le reste de sa vie à Carcassonne, alité, sous morphine, opium et cocaïne. Joë Bousquet fréquentera les surréalistes, Max Ernst en particulier qui deviendra un très proche, lui qui fit la guerre également, mais du côté allemand. Puis Eluard, Aragon, ... Il fit partie des belles lettres françaises de l'entre deux guerres. Sans doute un peu oublié maintenant, la biographie de G. de Fonclare le remet en lumière avec l'intelligence de ne pas faire une hagiographie. J'aime bien le parti pris d'une sorte de dialogue -ou de monologue adressé à J. Bousquet. Le "vous" utilisé est à la fois révérencieux, poli, respectueux mais pas celui d'un admirateur borné : "Alors, entrer chez vous, c'était risquer d'aller trop loin, faire de vous une icône et entrer en dévotion, à chercher des traces de votre présence dans les lézardes des plafonds et les restes jaunis de papier peint. Je ne veux pas m'extasier sur d'autres reliques que vos lettres et vos poèmes." (p.103/104). G. de Fonclare n'est pas dans une recherche du petit détail croustillant qui ferait vendre ; comme Bousquet qui vivait rideaux fermés, il les entrouvre mais ne les ouvre pas en grand ; aurait-on besoin de savoir comment il pouvait se comporter dans l'intimité avec les femmes alors que ce qui nous importe c'est de comprendre comment ce jeune homme fougueux, tête brûlée est devenu un des grands écrivains de son époque, comment cette balle allemande lui a permis de vivre une autre vie ? Car cette balle le biographe en fait une chance au-delà des maux. Et lui Guillaume de Fonclare, sans sa maladie aurait-il écrit ? Peut-être mais sans doute pas avec autant d'acuité, de sensibilité et d'optimisme, car malgré le thème son bouquin n'est pas plombant, il est au contraire une ode à la vie et aux vies différentes que l'on peut vivre. Très belle écriture, à la fois simple et directe, qui cherche et trouve le lecteur au plus profond de lui-même.
A l'instar de G. de Fonclare qui quitte Joë Bousquet avec regrets : "Certes, vous aurez une place à part dans mon coeur, et il n'y aura guère de jours sans que je pense à vous, intensément. Mais nous serons séparés, éloignés, et mon cœur se serre à cette idée." (p.141), je referme le livre avec l'idée que tant l'auteur que son sujet me resteront en tête longtemps.
Joë
Guillaume de Fonclare
Guillaume de Fonclare, l'auteur, lui même handicapé par une maladie sournoise, rend hommage au poète Joë Bousquet, grand blessé lors de la premère guerre mondiale.
Il s'adresse à Joë en le vouvoyant et il nous décrit cette vie d'homme coupé en 2, dans un respect et une admiration qui lui donne, à lui auteur, la force de surmonter sa propre maladie.
Joë choisit "presque", cette balle qui vient le percuter, il en rencontrera même le tireur, à un moment de sa vie décousue et libertaire.
Ce livre est une belle leçon de vie, ou l'auteur nous démontre que parfois, la vie prend un autre tournant, et que sans certaine épreuve, le destin aurait été tout autre.
J'ai adoré ce livre !!!!!
Extraits :
......(), lorsque vous remarcherez, lorsque vous seriez capable de courir, de sauter, de grimper, lorsque vous seriez capable de refaire ces choses que vous faisiez autrefois, avant la blessure. Guérir ! Guérir ! Il n'était question que de cela, et vous auriez préféré mourir pour de bon plutôt que d'y renoncer.
Un soldat vous ajuste, une balle jaillit du canon de son arme, elle vous frappe, vous tombez, et c'en est fini, pensez vous, alors que tout ne fait que commencer.
Cette balle, vous le savez maintenant, au lieu de vous ôter la vie, vous a révélé à vous même ; vous êtes né le 27 mai 1918, losque vous avez perdu la moitié de votre corps et trouvé tant de raison de vivre.
Je m'en vais, cher Joë, sur la pointe des pieds, en ayant appris qu'il a des tristesses heureuses, et je retourne au monde, à ma famille, à mes amis, plus fort et plus serein, nourri et grandi de vous.
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