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Rédigé à Sisteron, en 1868, Jean-des-Figues est certainement le chef-d'oeuvre de jeunesse de Paul Arène, dédié à Alphonse Daudet, et où la vie de l'auteur se confond avec celle du héros.
Jean-des-Figues, ainsi surnommé parce qu'il se promène sur son âne avec des figues sèches en poche, c'est l'histoire d'un jeune Provençal qui abandonne son pays natal où il s'ennuie pour « monter » à Paris. Il va y essayer, deux ans durant, tous les ingrédients de ce qui caractérise la vie de bohème dans la capitale, en ce milieu de XIXe siècle. Mais, au final, il devra bien s'apercevoir que rien ne vaut la vie tranquille de Sisteron et de sa Provence...
Paul Arène (1843-1896), né à Sisteron, licencié en philosophie, maître d'études en lycée, il opte pour Paris, le journalisme et la littérature. Il y fréquente Alphonse Daudet et collaborera fortement à l'écriture des Lettres de mon Moulin. Il participe à la guerre de 1870 au grade de capitaine. Il publie, après 1870, nombre de pièces de théâtre, poésies et contes. On retiendra les oeuvres « provençales » passées quasi seules à la postérité et toujours appréciées depuis lors : La Chèvre d'Or, La Gueuse parfumée, les Contes de Provence, le Midi bouge, etc.
En 1932 paraît une édition de Jean-des-Figues, illustrée par François de Marliave en une soixantaine de planches en couleur : c'est celle-ci que nous proposons dans une nouvelle version entièrement recomposée et qui fait pendant à celle de La Chèvre d'or, illustrée par René Bénézech ou celle de Mireille/Mirèio par Jean Droit.
Le petit Jean est né au pied d'un figuier, ce qui lui valut son surnom, près du bourg de Canteperdrix. À l'âge de deux ans, alors qu'il faisait la sieste dans la nature, il est victime d'un début d'insolation.
En grandissant, l'enfant montre peu intérêt et peu de compétences pour les travaux agricoles et préfère rêver et collectionner les vieilles pièces de monnaie. Cela est mis au compte de cet accident d'enfance qui lui aurait brûlé le cerveau.
Adolescent, il découvre la littérature via les livres abandonnés par un lointain cousin dans une malle, et se rêve poète. Il tombe simultanément amoureux de Reine, une jeune bourgeoise, et de sa servante Roset, une jeune bohémienne. Il décide alors de rejoindre Paris pour y faire une carrière littéraire.
Un court roman, une centaine de pages, du milieu du 19ème siècle (1868), dont l'intrigue est plutôt mince, mais qui vaut par la qualité de son écriture qui préfigure la truculence imagée de Pagnol ou Giono. Un petit exemple : "Alors je n'entendais plus que le tapage enragé des cigales, le cri de l'herbe brûlée par le soleil, le chant isolé de l'ortolan, le roulement lointain de la Durance, et, de temps en temps, le grelot de Blanquet tourmenté par les mouches."
L'attention du lecteur est tenue en éveil par les multiples péripéties, toujours inattendues et déroutantes, vécues par le jeune héros et la servante Roset. Des aventures décousues qu'on aurait pu lire sous la plume d'un impressionniste trois quarts de siècle plus tard.
C'est frais, amusant et sans autre prétention que de glorifier la Provence.
Note : ce roman est inclus dans une compilation baptisée Gens de Provence, éditée par France Loisirs en 1998, avec un avant-propos de Jean-Max Tixier.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/05/04/jean-des-figues-paul-arene-france-loisirs-les-amusantes-peripeties-dun-jeune-poete-provencal/
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