"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour se défendre dans un procès qu'il s'intente à lui-même, l'auteur fait défiler au galop un passé évanoui. Il va de l'âge d'or d'un classicisme qui règne sur l'Europe à l'effondrement de ce « monde d'hier » si cher à Stefan Zweig. De Colbert, Fouquet, Bossuet ou Racine à François Mitterrand, Raymond Aron, Paul Morand et Aragon.
Mais les charmes d'une vie et les tourbillons de l'histoire ne suffisent pas à l'accusé :
« Vous n'imaginiez tout de même pas, que j'allais me contenter de vous débiter des souvenirs d'enfance et de jeunesse ? Je ne me mets pas très haut, mais je ne suis pas tombé assez bas pour vous livrer ce qu'on appelle des Mémoires. » Les aventures d'un écrivain qui a aimé le bonheur et le plaisir en dépit de tant de malheurs cèdent peu à peu la place à un regard plus grave sur le drame qui ne cesse jamais de se jouer entre le temps et l'éternité, et qui nous emportera.
Écrivain, chroniqueur, journaliste et philosophe, Jean d'Ormesson est né en 1925. Il a longtemps mené de front une carrière de journaliste, principalement au Figaro, une carrière de premier plan à l'Unesco et sa carrière d'écrivain. Il a été élu à l'Académie française en 1973. L'essentiel de son oeuvre est publié aux Éditions Gallimard, en particulier dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Jean d'Ormesson s'intente à lui-même un procès. C'est le prétexte qu'il a inventé pour rédiger sa biographie, et bousculer le genre : une enfance dans l'entre-deux guerres, une adolescence pendant la guerre de 39-45, une vie d'intellectuel, amateur de beau (pays, livres, architecture, ...), fréquentant l'élite française des trente glorieuse et se présentant comme un peu dilettante.
À son histoire, parsemée d'anecdotes plus ou moins savoureuses (sur lui-même et ses nombreuses relations), l'auteur ajoute quelques réflexions plus personnelles, qui viennent éclairer le personnage sous un autre jour. La principale, qui traverse tout le livre et structure la dernière partie, tourne autour de la question du sens de la vie.
On peut d'ailleurs s'interroger : ce procès que Jean d'Ormesson s'intente à lui-même n'est-il pas en réalité une préparation de celui qu'il s'attend à subir en entrant dans l'au-delà ?
Le livre se lit plus ou moins facilement. C'est à la fois une question de forme - l'écriture n'est pas toujours très fluide - et de fond - l'intérêt du contenu peut varier d'une page à l'autre. L'ensemble peut même, parfois, sembler un peu décousu. Mais on ne regrettera pas l'effort de lecture.
Au final, une lecture très intéressante, qui permet de mieux faire connaissance avec ce grand écrivain que fut Jean d'Ormesson.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/01/22/je-dirai-malgre-tout-que-cette-vie-fut-belle-jean-dormesson-nrf-gallimard-singuliere-biographie/
Quelle belle idée que ce procès intenté par Moi sur Moi. On se délecte de l'érudition de ce grand homme qu'est Jean d'Ormesson, le style incomparable, vivant, riche, syntaxe parfaite, des décennies visitées et revisitées par un personnage hors du commun. Mémoires, confessions ? Si j'ai été un peu "dérangée" par l'absence de chapitres, je ne peux que m'incliner face à ce puits de connaissances, du plus petit au plus grand, l'auteur a côtoyé tant de personnages illustres que cette vie nous emporte dans un tourbillon endiablé. bercée par les vers d'Aragon. "Je dirai malgré tout que cette vie fut belle", et qu'il vous reste de belles pages à écrire Monsieur d'Ormesson
JE DIRAI MALGRE TOUT QUE CETTE VIE FUT BELLE
Jean d’Ormesson
Fidèle à son cher Aragon dans le choix de ce dernier titre, («C’est une chose étrange à la fin que le monde 2010 et « Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit » 2013), Jean d’Ormesson nous livre ici le bilan qu’il dresse de sa vie, à travers la relation d’événements marquants de son enfance, de son adolescence et de toute sa vie adulte. On y rencontre ses ancêtres, sa famille, ses amis, ses maîtres, une kyrielle d’artistes et d’intellectuels en tous genres. On y côtoie l’Académie, l'édition, le journalisme, la politique, Dieu et le cosmos. Le tout sous une plume alerte et pétillante qui ne saurait renier l’image publique de l’écrivain : son humour, sa verve, la finesse de son élocution sont éblouissants. Tout en nous confiant ses joies, ses peines, ses doutes, ses difficultés, ses erreurs, il livre une réflexion passionnante sur le monde et les relations humaines avec une grande sincérité, sans aigreur, sans fausse pudeur.
J’ai parcouru ce livre avec beaucoup de plaisir et reste toujours impressionnée par l’immense érudition de cet homme.
Si tous les livres étaient aussi bien écrits, de lecture aussi agréable!
Jean d'O passe ici devant un tribunal, le procès se passe entre le "moi" et son "surmoi" .C'est une belle formule qui donne lieu bien souvent à des échanges et à des apostrophes très savoureux.
Certes la vie de cet Immortel est bien connue, mais ici, le ton est plus grave parfois, le temps et l'éternité sont au cœur des questions que se posent ce nonagénaire à l'esprit toujours aussi vivace et alerte. Le lecteur revisite le siècle , rencontre un monde brillant et presque disparu ,des politiques, des savants , des intellectuels de haut vol, on y retrouve même, leurs "vices cachés" , ce qui épice ce livre magnifique qui n'est certes pas un livre de "Mémoires", mais un livre de souvenirs.
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