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Le silence qui entoure la mémoire des immigrés en Poitou-Charentes pourrait laisser croire que la région n'est pas concernée -- ou très peu - par le fait migratoire.
Or on observe des flux réguliers d'étrangers dans cette région depuis près de cent cinquante ans. Le Poitou-Charentes, éloigné des bastions du mouvement social ouvrier et sans métropole urbaine d'importance, a accueilli exilés et réfugiés, soldats et travailleurs coloniaux. Ces immigrés, employés comme ouvriers agricoles et d'usines ont vécu dans un contexte de ségrégation qui a favorisé leur invisibilité.
Dans ces configurations locales méconnues, on décèle également la montée de la xénophobie dans les années 1930 et 1940 dont témoignent les nombreux camps présents dans la région. L'immigration est devenue de plus en plus visible, à partir de 1960 avec notamment la présence portugaise à Cerizay et, dès les années 1990, l'installation, bienvenue du fait de la chute démographique rurale, des Britanniques dans les cantons du sud de la Vienne où ils constituent jusqu'à 10 % de la population.
Mais l'invisibilité des étrangers court comme un fil d'Ariane clans une région où les enjeux du développement local, de l'économie touristique, d'une identité de terroir et de pays ne tiennent pas toujours compte d'une immigration minoritaire.
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