Garce autrichienne, fléau, sangsue des Français, catin, Messaline moderne, Mme Déficit, Mme Veto, créature de l'enfer... Cette avalanche de sobriquets dont fut accablée la dernière reine de France a pétrifié son souvenir. Celui d'une souveraine le plus souvent perçue comme méprisante envers son peuple, traîtresse à la nation, symbole de l'immoralité de la monarchie. En 2013, pour le 220 e anniversaire de son exécution, elle apparaissait en bonne place parmi les grandes figures du très curieux Dictionnaire de la méchanceté ! Pourtant, depuis la Restauration et le Second Empire, le capital sympathie et la compassion à son égard n'ont cessé de croître. Plus récemment, l'icône glamour dépeinte au cinéma, en 2006, par la réalisatrice Sofia Coppola a contribué à son retour en grâce. Rap-pelez-vous aussi le spectacle Je m'appelais Marie-Antoinette , écrit en 1993 par Alain Decaux et André Castelot et mis en scène par Robert Hossein. À la fin de la représentation, c'était au public de décider du sort de la reine. Verdict : le plus souvent, une minorité la condamnait à mort, un quart l'acquittait et une moitié optait pour l'exil. Aujourd'hui, d'aucuns la célèbrent et la magnifient. Les jardins de l'Orangerie, à Versailles, lui consacrent même, dès le 29 juin prochain, un spectaculaire feu d'artifice. D'autres en donnent une image plus nuancée, plus distanciée, empreinte de complexité. Quant à son sort judiciaire, pour Emmanuel de Waresquiel, auteur de Juger la reine, « Marie-Antoinette était condamnée à l'avance avant même que son procès ne s'ouvre ». Un déni de justice ? Était-elle seulement coupable ? Au travers de sa réflexion acérée, Jean-François Kahn, auteur du livre M la maudite, la lettre qui permet de tout dire, à paraître chez Tallandier à la rentrée, vous livre ses conclusions. Sans concession. Et comme vous allez le constater, l'historienne Évelyne Lever, auteur d'une biographie de référence (Fayard), est loin de partager son analyse. Certes, on ne fait plus tomber les têtes, mais c'est à vous de trancher...
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