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« Les pèlerins modernes ne font que reproduire, à leur manière, les désirs, les intentions et les gestes séculaires accomplis par des centaines de milliers d'autres avant eux sur les chemins de Compostelle.
Cet itinéraire, tout autant physique que spirituel, permet à toutes les nationalités, toutes les envies et toutes les motivations de se côtoyer. Il est probable qu'il en fut de même dans les siècles passés.
Que vont chercher les pèlerins en Galice ? Adorer des reliques ? Non, car il est clair pour tous, sinon pour la plupart, y compris au Vatican, que ce ne sont pas celles de saint Jacques. Le but du chemin, c'est le Chemin lui-même.
Il est probable que cette courte phrase concentre les motivations anciennes et actuelles, à la fois des chrétiens et de ceux qui ne le sont peu ou pas, ou cherchent à le devenir. Que met-on dans ce chemin à parcourir ? La plus grande diversité en est la réponse.
Pour les chrétiens, aller vers un tombeau vide n'est pas l'élément essentiel, puisqu'il s'agit de foi, laquelle ne repose pas sur l'adoration de reliques, même si cela peut être un support important. Les autres pèlerins recherchent probablement un sens vis-à-vis d'eux-mêmes et du monde dans lequel ils vivent. Ce peut être aussi le désir de prendre de la distance avec la vie quotidienne. Ou bien celui de se surpasser, autant physiquement que mentalement.
On ne peut pas dénier à ces ossements ou souvenirs une valeur spirituelle, conforme aux besoins de chacun. Il peut y avoir encore un sens rituel, c'est-à-dire correspondant plus à une tradition qu'à une croyance dans la réalité des reliques, mais autorisant néanmoins à solliciter protection ou guérison.
Durant l'époque médiévale, il est intéressant de constater la manière avec laquelle les diverses autorités religieuses et temporelles ont organisé et coordonné leurs domaines respectifs, si intimement liés. Leurs actions ont élaboré notre société et notre culture fondées sur cette identité collective profonde qu'est le christianisme. La reconquête des terres espagnoles envahies par les armées musulmanes était un objectif, le culte de saint Jacques en fut un des moyens dont les conséquences ont largement dépassé l'objectif.
Le vaste brassage des pèlerins et des personnes qui vinrent s'établir dans les nouveaux peuplements créés le long de la route a participé à faire prendre conscience d'une identité européenne.
L'histoire des chemins de Compostelle nous permet d'aborder ces sujets afin d'essayer de comprendre ce que représentait et représente encore cette route mythique. »
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