Pat et Mathieu sont deux jeunes pères, déterminés à ne pas répéter les erreurs de leurs propres parents : celles de toute une génération de mères au foyer dominées et de chefs de famille autoritaires, voire violents. Mais tandis que leurs compagnes respectives, plus accomplies et souvent absentes pour le travail, les laissent gérer seuls la maison et les enfants, ces quarantenaires se heurtent à leurs propres contradictions vis-à-vis de cet idéal de paternité moderne. Pour Pat, le poids est encore plus lourd à porter. Marqué par la séparation de ses parents et l'alcoolisme de son père détruit par la guerre, il est lui-même dévoré par une rage qu'il ne comprend pas. Alors qu'il lutte pour offrir un avenir meilleur à ses enfants, il doit affronter ses démons intérieurs hérités de son histoire familiale, avant que cette noirceur ne les atteigne à leur tour...
Quand sa femme s’absente, Pat se sent dépassé, malgré sa bonne volonté et son désir de bien faire, il ne parvient pas à gérer la maison et les enfants, et va même jusqu’à perdre son calme avec son fils, ce qui éveille en lui des souvenirs d’enfance douloureux. Il angoisse à l’idée de ne pas être un bon père, et de transmettre ses propres traumas à ses enfants. Il se met alors à fouiller dans sa relation avec son père.
On peut au départ se demander où l’on va. Est-ce un simple récit d’un père qui fuit ses responsabilités en plaidant l’incapacité et en rejetant la faute ? Nous voyons assez rapidement que c’est bien plus que ça, et que les auteurs, en nous livrant des récits très personnels, presque intimes, se questionnent de façon très poussée sur leur lien à la famille et ne s’enferment pas dans ce qui ne va pas.
En se retournant vers son passé, Pat cherche à mieux comprendre ce qu’il est aujourd’hui, en faisant de nouveau face à son père, et découvre des secrets enfouis profondément qui deviennent des explications, mais jamais des justifications, du comportement de ce dernier.
En puisant dans son histoire familiale, Mark McGuire nous offre un récit introspectif très personnel, mais qui soulève des questionnements plus universels :
Hérite-t-on des blessures de nos parents ? Quelles cicatrices laisserons-nous à nos enfants ? Comment dépasser cela et avancer ?
Cette histoire tout en nuances est en accord avec ses dessins gris crayonnés qui peuvent surprendre au départ, mais permettent de transmettre une véritable intensité aux sentiments.
Pat, ancien basketteur, vit à Montréal avec sa femme Esther et leurs deux enfants. Esther s'absente beaucoup pour son travail et Pat a de plus en plus de mal à assumer son rôle de père, surtout lorsqu'il sent monter cette drôle de rage en lui... Quelle est l'origine de cette rage, qui semble également émerger chez son fils ? Pour le comprendre, Pat va tenter de remonter aux racines ,de son père devenu revenu traumatisé par le Vietnam à sa mère qui garde quelques secrets bien enfouis.
Dans cette bande dessinée, parue au Canada en 2022, Mark McGuire s'inspire de son histoire familiale pour parler de traumatismes hérités. Dans un récit qui commence comme une histoire de pères dépassés, on est vite embarqué par la quête de Pat. Inquiet par ce qu'il sent en lui, il remonte dans le passé de sa famille. A partir de photos données par son père, il va mener l'enquête sur ce qu'il a vécu au Vietnam, découvrant ainsi l'épigénétique.
Ou la possibilité pour les traumatismes de se transmettre d'une génération à une autre... Ce récit dur et sensible fleure bon le langage canadien ! Mais on s'y fait ! Le dessin de Alain Chevarier, un noir et blanc fin, esquissé apporte densité et noirceur au récit. Les portraits semi-réalistes impulsent un peu de légèreté et de distance au propos.
Géants aux pieds d'argile est une autofiction qui marque. Elle donne la parole aux hommes que l'on dit modernes. Ceux qui vivent avec des femmes accomplies professionnellement, qui veulent être des bons pères de famille, à l'écoute de leurs sentiments. Ceux qui veulent se comprendre pour avancer.
Au cœur du quartier de la Petite-Italie de Montréal, Pat a pris une année sabbatique, histoire de travailler à son projet de recherche, mais aussi et surtout de pouvoir s'occuper de ses deux enfants Lily et Sam. Sa femme gagne mieux sa vie que lui, c'est normal.
Souvent absente, celle-ci comprend mal comment Pat va s'enliser et fuir lentement sa paternité, entre une angoisse due à sa propre enfance et ses rapports conflictuels avec son père et une rage enfouie au plus profond de lui qu'il redoute plus que tout.
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Les auteurs nous livrent un album extrêmement sensible sur une masculinité et une parentalité moderne peu couramment abordées.
Dévoré par sa peur de faire subir à ses enfants ce que lui-même a subi et totalement incompris, Pat va s'enfoncer de plus en plus loin dans une quête personnelle, un retour nécessaire sur le passé de son propre père, détruit par des silences lourds d'une vie révolue mais traumatisante.
S'ils explorent d'un côté ce rapport au père, ces nouveaux pères plus impliqués dans l'éducation de leurs enfants, le rôle des parents et les différences de jugement qui y sont attachés, ils abordent aussi des sujets comme l'épigénétique, idée que certains traumatismes puissent être légués héréditairement ou encore les TSPT (SSPT au Québec), Troubles du Syndrome Post-Traumatique et les vétérans de la Seconde Guerre Mondiale ou encore de la Guerre du Vietnam.
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Les souffrances de Pat, de son ami Mat qui ouvre encore une autre façon d'aborder les mêmes sujets, sont illustrées d'un trait crayonné sur le vif, noir et charbonneux, qui peut refroidir lors des premières pages mais s'avère extrêmement immersif voire carrément bouleversant, et qui laisse passer avec force les émotions et la noirceur de certains passages mais sait aussi laisser passer une forme de lumière.
Un bel album pour débuter cette année composé à quatre mains !
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