"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un jeune étudiant amoureux de sa professeure d'anglais, un commandant de ferry voulant à tout prix retrouver une baigneuse aperçue de sa passerelle, un critique de cinéma à la recherche du passé d'Ingmar Bergman et de Harriet Andersson sur l'ile d'Ornö, un professeur d'université désargenté jouant les reporters sur les routes du Mississippi... Tous ont en commun la quête de l'éternel féminin, mystérieux et insaisissable.
Six nouvelles dans ce recueil. Six nouvelles qui racontent des rencontres ou des recherches amoureuses.
- Photo de classe : lorsqu'on avertit cet homme que son ex-professeure d'anglais qu'il n'a pas revue depuis très longtemps est décédée, il se remémorre leur histoire d'amour.
- Droits de succession : au décès de son père, artiste-peintre, Marianne revient dans son village natal qu'elle a quitté de nombreuses années auparavant. Les souvenirs affluent.
- Clair de lune : Pierre, sa femme et ses deux enfants se rendent à une fête familiale. Pierre y revoit ses cousins et cousines et sa tante Karen.
- Face à la mer : un commandant de ferry fait tout pour retrouver une baigneuse souvent croisée lors de ses trajets.
- Mon été 52 : un critique de cinéma se rend sur l'île d'Ornö pour retrouver la plage sur laquelle Harriet Andersson a été filmée par Ingmar Bergman
- On dirait le sud : un universitaire spécialiste de Faulkner, en plein divorce et désargenté accepte un reportage de quelques jours. Il embarque avec lui Caroll, une serveuse qu'il fréquente depuis peu.
Pierre Montbrand parle de rencontre amoureuse, de la recherche amoureuse, souvent éphémère. Ses nouvelles sont nostalgiques, font appel aux souvenirs de jeunesse, d'amours finies depuis longtemps. La belle place est faite aux sentiments, certes, mais les paysages et lieux ne sont pas en reste. C'est nostalgique et beau. Un moment de douceur entre deux polars plus furieux. Une preuve que la littérature offre un multitude d'émotions.
Classique et beau. Intemporel. Un recueil très réussi.
Même si la nouvelle n’est pas mon genre de lecture habituel, je ne la dédaigne pas pour autant. Et en lisant le petit recueil – 100 pages – au joli titre : "Face à la mer", ce n’est pas seulement un auteur, Pierre Montbrand, que j’ai découvert, c’est aussi une maison d’édition : Quadrature. La rencontre avec ces six petits textes fut belle.
La rencontre fut belle ! C’est certain. J’emprunterai même les mots du renard de la fable…le ramage de "Face à la mer" se rapporte à son plumage.
Le ramage…une suite de six nouvelles, je l’ai déjà dit, toutes élégamment écrites. La femme y a une place importante et belle, qu’il s’agisse de "Photo de classe", histoire d’amour entre un élève et Madame Meyer, sa professeure d’anglais, "Droits de succession", retour d’une fille dans l’atelier de son père artiste sculpteur décédé, "Claie de lune", réunion de famille qui rappelle des vacances de jeunesse, "Face à la mer", recherche par un commandant de Ferry d’une jeune femme vue, nageant nue, de sa passerelle, "Mon été 52", un critique de cinéma sur les traces d’Ingmar Bergman à Ornö, île suédoise, ou encore "On dirait le sud", un professeur d’université sur la route 61.
L’écriture est d’une élégance rare. Elle possède la grande beauté de la simplicité qui rend la lecture facile, plaisante, légère, musicale. Les phrases sont travaillées, ciselées, bien tournées. Il s’agit là d’un travail de haute précision. Tout est feutré, les sentiments juste abordés, sans fioriture, les paysages magnifiquement décrits "Le soleil effleurait maintenant la cime des arbres ; les oiseaux s’étaient tus et les branches de bouleaux se dessinaient à l’encre de chine sur le ciel". Rien de mièvre, cependant, dans ces histoires, jolies, limpides, apaisantes. La retenue règne en maître et laisse la place à l’imagination de la lectrice ou du lecteur. Je me suis ainsi glissée dans ces mots choisis, comme on se pelotonne l’hiver sous une douce couverture. Et j’ai laissé couler le temps lentement, bercée par la mélodie…
Le plumage, j’en parlais plus haut, est tout aussi beau. La couverture est de grande classe, blanche, juste agrémentée d’un petit tableau, du noir, du rouge bordeaux, une jolie typographie légèrement en relief. L’intérieur, parfait, est totalement dépourvu de coquilles, véritable plaisir devenu trop rare. Et comme les petits détails comptent pour moi, j’ai aimé le choix de la pagination : gros caractères en marge.
"Face à la mer", la découverte fabuleuse d’un auteur et d’une maison d’édition.
https://memo-emoi.fr
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