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En 1588, Montaigne donne une nouvelle édition des Essais, «augmentée», dit la page de titre, «du troisième livre et de six cents additions aux deux premiers». Cette marche en avant mais aussi ces incessants retours sur soi définissent bien un discours qui ne se tient jamais pour définitif. Tout juste Montaigne choisit-il de ne plus multiplier les chapitres, mais de les faire désormais amples et longs, réclamant de son lecteur une attention plus soutenue. Ce n'est pas que Montaigne croie mériter de le retenir par une sagesse désormais plus assurée. S'il est évidemment «envieilli», «assagi», dit-il, «je ne le suis certes pas d'un pouce». Il laissait à sa mort la matière d'une nouvelle édition, soigneusement préparée, mais encore inachevée, comme si le dessein des Essais impliquait fondamentalement l'inachèvement.
L'édition proposée ici reproduit celle de 1595. C'est dans cette édition en effet - ou l'une de ses descendantes - que pendant les deux siècles qui suivirent la mort de l'auteur les Essais ont été lus ; nous en avons modernisé l'orthographe tout en en respectant la ponctuation, la disposition, et en la faisant précéder de la préface de sa première éditrice, Marie de Gournay. Cette petite révolution renouvellera sans doute, pour bien des lecteurs, la lecture des Essais.
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