"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans une langue dont le souffle court n'altère jamais la délicatesse, Alizée Goulet observe les troubles alimentaires à partir des brumes qu'ils produisent, dans ce brouillard épais où se mêlent les causes, les symptômes, les effets et les cures. Être ennuagée par la faim, c'est cultiver une position d'attente en habitant les espaces liminaux (sur la rive, au seuil des portes, à la surface des ombres et des os), pour que la souffrance qui voile tout n'arrive pas à troubler l'amour que l'on porte et l'amour que l'on reçoit.
« Je n'ai jamais connu mon corps. À trop le freiner d'aimer, à le soustraire aux mains du monde, j'ai échangé ma vie contre des limites étranglées. Je me suis retournée, dans mes vêtements de vapeur, j'ai miné ma peau sans voir le vide que j'engendrais. Circonférence affolée, rétrécie sans fin, étouffée sans fin, je suis devenue ce trou en famine de vivre, débordant de peur. »
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