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Dans cet ouvrage, qui pourrait très bien s'apparenter à un manuel, déjà publié par les éditions Allia en 1989, Alfieri adopte le point de vue du prince pour interroger son rapport avec les lettres. Sous ce déguisement fastueux, il trempe en réalité sa plume dans l'encre acide de l'ironie. Ainsi se demande-t-il lequel est le plus grand, de l'homme de lettres ou du prince. Il examine tour à tour tous les cas de figures du rapport qui oppose ces deux détenteurs de pouvoirs, ô combien interdépendants autant que différents. Il considère le prince qui ne s'occupe point de lettres ou les gens de lettres qui se refusent d'eux-mêmes à toute soumission. Il pointe la médiocrité des uns ou bien s'interroge sur l'utilité des autres. Et puis au fond : la protection des lettres n'est-elle pas une façade ? Au travers d'interrogations sarcastiques, Alfieri n'a de cesse de mener tambours battants son réquisitoire : les lettres sont l'effet ou la cause de la corruption ? Et laissons au lecteur le soin de découvrir comment, et par qui, les véritables lettres peuvent être cultivées sous une monarchie absolue... ou que serait un siècle littéraire sans nulle protection... Alfieri nous lègue là un bel exemple du refus farouche de l'avilissement, examiné ici sous sa forme la plus symbolique.
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