"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand ce livre parut, en 1929, Jean Prévost justifiait ainsi la singularité d'écrire ses Mémoires à vingt-sept ans : «Si l'on veut garder des souvenirs frais, ne pas mentir par dignité ou poésie, ne pas se tromper par oubli de soi-même, il faut écrire au moment où tous les témoins vivent encore, où tous les lecteurs sont témoins ; au moment où ni la famille, ni l'âge, n'ont encore rendu l'homme plus lâche pour se raconter qu'il ne l'était pour vivre, ni renégat de sa jeunesse.» Cette dix-huitième année, c'est celle qui va de la dernière bataille de la Marne (juillet 1918) aux premiers moments de la paix (juillet 1919). Un garçon de dix-sept ans, patriote des plus chauds, que l'idéalisme et l'enthousiasme même de la guerre transforment après l'armistice en un révolté ; une adolescence, attristée par la guerre, qui éclate alors en passions désordonnées, cyniques et naïves ; les événements publics et d'extrêmes malheurs privés transformeraient le révolté en désespéré, sans la rencontre d'Alain, dont la pensée et l'exemple amènent enfin Jean Prévost à se rencontrer lui-même. S'il se raconte ici sans détours et se juge sans indulgence, c'est pour faire, sans illusions et sans abandons, un témoignage de sa jeunesse, et un serment de fidélité à la jeunesse.
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