"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis ses débuts, Philippe Chancel photographie les sociétés autoritaires. En
1981, il est le premier à se rendre en Pologne où a lieu l'état de siège
proclamé par le général Jaruzelski. S'ensuit une longue série de reportages
jusqu'à cette année 2005 où il obtient un visa de près d'un mois pour la Corée
du Nord. Ce reportage donnera lieu à une publication chez Thames & Hudson sous
le titre « DPRK ». En 2008, il se rend aux Emirats Arabes Unis. Dans ce
gigantesque chantier à ciel ouvert, il découvre des point communs avec les
dictatures communistes : utopie, culte de la personnalité donnant lieu à une
iconographie envahissante, concentration du pouvoir, contrôle sur les individus
et surtout déni de l'humain. Philippe Chancel s'intéresse à la manière dont ces
sociétés mettent en scène leur pouvoir. Aux Emirats Arabes Unis, la course à la
démesure n'en finit jamais. Dans cette société façonnée par l'idéologie du
capitalisme, luxe et divertissement remplacent l'ordre et l'austérité
socialistes : les monuments sont toujours plus hauts, plus clinquants, la
consommation, et son lot de placards publicitaires, est omniprésente et les
loisirs frisent l'absurde quand il s'agit de skier en plein désert. Là-bas,
rien n'est trop beau ni trop grand pour se construire une identité, quitte à
sacrifier des centaines d'ouvriers immigrés. Les photographies de Philippe
Chancel cherchent à briser ce miroir aux alouettes contemporain. L'esthétique
documentaire, les cadrages frontaux et distanciés, l'absence de tout affect
pointent précisément le lieu où la propagande des idéologies agit, c'est-à-dire
dans les apparences et les faux-semblants. Avec un texte de Quentin Bajac, chef
du cabinet de la photographie au Musée national d'art moderne, Centre Pompidou.
Ce travail, présenté à la Biennale de Venise en 2009, sera présenté dans le
cadre de l'exposition Dreamlands au Centre Pompidou (5 mai - 11 août 2010), à
la galerie Bleu du ciel à Lyon (11 mai - 15 juillet 2010), et la galerie
Philippe Chaume à Paris (25 mai - 15 juillet 2010).
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