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Trois lieux emblématiques à Namur s'associent pour présenter une exposition abordant la représentation des vices et des vertus depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours : le musée des Arts anciens, le musée Félicien Rops et l'église Saint-Loup.
La Somme théologique de Thomas d'Aquin, rédigée entre 1266 et 1273, constitue une véritable synthèse des préceptes issus de l'Antiquité et des premiers philosophes chrétiens. L'auteur y fixe définitivement les notions de vices et de vertus dont la liste avait été dressée par le moine Évagre le Pontique (fin du 4e siècle) et imposée par le pape Grégoire le Grand (fin du 6e siècle). Une iconographie se développe, où les vertus - chrétienne - et les vices - païens - s'opposent ; elle influencera l'ensemble de la production artistique de ce temps et des siècles suivants. ?Les !uvres exposées toucheront à tous les domaines de l'art. Peintures, sculptures, manuscrits enluminés, gravures, dessins, pièces d'orfèvrerie seront proposés au regard du visiteur. ?Toutes les !uvres offriront un regard différent sur les vices et les vertus, couvrant une période allant du 13e siècle à l'époque contemporaine.
Au musée Rops, le thème des vices et vertus sera décliné essentiellement autour de deux personnalités : Rops (1833-1898) et Ensor (1860-1949), chacun ayant traité ces sujets à sa manière. Une belle place sera faite à la série de gravures d'Ensor publiée en 1904 sous le titre des Péchés capitaux. Chez Félicien Rops, la satire accompagne souvent la description des péchés, dont le plus éloquent est la luxure" ?Commencée en 1888 par La Luxure, Ensor ne publiera qu'en 1904 l'ensemble de sa série des Péchés capitaux. Il lui faudra donc plus de 10 ans pour produire cette iconographie où monstres, diables, squelettes s'invitent dans une critique grinçante des travers humains. Plusieurs versions de cette série seront présentées, certaines colorées de la main de l'artiste, ainsi que des dessins préparatoires, peintures et gravures. Ces scènes de luxure ne sont pas sans évoquer le jardin des délices et autres paradis perdus qui seront présentés dans la dernière partie de l'exposition. Une partie de l'exposition retrace le réseau artistique et mondain commun aux deux hommes" Plusieurs personnages importants fréquentent aussi bien Rops qu'Ensor, alors qu'une génération les sépare : Eugène Demolder, Théodore Hannon, Mariette Rousseau.
La Maison de la culture étant en rénovation pour une période de deux ans, le secteur arts plastiques de la Province de Namur continue ses activités sur le territoire. L'église Saint-Loup est l'endroit idéal pour accueillir les !uvres d'Aidan Salakhova. Cette artiste contemporaine russe et azerie s'interroge très justement sur le genre, la sexualité des femmes dans le contexte de l'islam, les relations d'influences entre l'Orient et l'Occident, et plus généralement sur les religions, les tabous et l'histoire de l'art. Autant de thèmes qui participent à un débat plus général sur la notion de moralité et la signification des vices et vertus aujourd'hui. Aidan Salakhova présentera plusieurs pièces inédites dont deux sculptures en marbre conçues spécifiquement pour cette première exposition personnelle en Belgique. Travaillant au studio Nicoli, à Carrare, elle fait revivre la tradition de la sculpture de marbre dans un contexte contemporain.
De manière subtile, avec audace mais sans provocation, ses !uvres interrogent les limites. Le voile est l'un des éléments récurrents de son travail. Dans l'antiquité, on mesurait la maestra d'un sculpteur à la finesse du drapé. La virtuosité est ici mise au service d'autres enjeux - celui de matérialiser poétiquement les limites entre le sacré et le profane, l'intime et le public, le vice et la vertu. Le voile qui couvre les femmes musulmanes d'Aidan est aussi celui qui révèle la sensualité d'un Christ bien humain. Ses livres sans mots disent autrement les multiples formes que recouvrent les tabous. Les variations abstraites qui parsèment ses pages prennent, elles, racine dans une autre traditition, celle de l'art d'avant-garde russe.
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