"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour mieux comprendre le livre de Claude Courchay, il faut se rappeler American graffiti, ce film qui est une ballade nostalgique sur la jeunesse des années 50 et 60. Un monde - presque une civilisation - sépare cette jeunesse-là de celle d'aujourd'hui. Les adolescents subissaient encore des contraintes, ils luttaient contre des tabous à présent abolis, ils étaient puceaux et basculaient dans l'univers de la sexualité avec une sorte de honte, d'angoisse et de maladresse inouïes. Quand commence Demain la veille, la guerre est finie. La guerre froide s'est installée. La France se bat en Indochine. À Aix-en-Provence, un jeune normalien, Jean Saunois, se débat pour son compte. Il a dix-huit ans. Orphelin de père, il ne veut pas être à la charge de sa mère. Il sera instituteur. Jean Saunois voudrait se battre, espérer, aimer. Il va se heurter à une discipline sans imagination. À quelques jours des vacances, il sera renvoyé. Cette exclusion va lui permettre de mettre à l'épreuve l'amitié et l'amour. Sans argent, sans métier, va-t-il simplement changer de caserne ? L'adolescence est l'âge où des espoirs infinis se cassent les ailes contre un monde fini. Demain la veille, témoignage sur ces séminaires laïques que furent les écoles normales, nous rappelle que, même dans les difficiles années 50, «la joie venait toujours après la peine».
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