"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Daniel Emilfork, dont le visage semblait sortir d'un film expressionniste à la Nosferatu, jouissait d'une mystérieuse aura. Acteur incomparable, que sa bizarrerie physique cantonnait souvent aux seconds rôles, il savait rendre inoubliable une simple apparition. Lors de la dernière année de sa vie, cet homme solitaire, qui vivait reclus dans son appartement du haut de la Butte Montmartre, s'est lié d'amitié avec François Jonquet. Lors d'innombrables visites, il lui a ouvert son coeur : raconté sa vie, romanesque, débordante, rythmée de grandes scènes et de portes claquées, de rencontres artistiques fabuleuses et de sanglantes ruptures. Il lui a confié ses projets et ses rêves, cet intact désir de vie, qui le dévorait : Daniel se cognait à sa réalité d'homme de quatre-vingt-deux ans. Pauvre et fastueux, orgueilleux et frondeur, dragueur toujours vert, ce dandy amoureux de l'excès s'accommodait mal d'une existence qui s'amenuisait lentement. Mais la vie, il savait la faire basculer dans le cocasse et l'absurde. Il avait le pouvoir fabuleux de soudain l'enchanter.
François Jonquet a tenté de restituer au plus près de sa vérité Daniel Emilfork en cette ultime année. Ce livre bref et dense en est le récit, sous forme de succession de scènes, d'instants vécus, de coups de fils ; un livre aux antipodes d'une biographie. Il est le portrait d'un homme que conventions et contingences matérielles n'ont jamais vaincu, d'un artiste qui, de haute lutte, a préservé intacte une zone vierge de l'âme, qui donne aux grands acteurs le pouvoir d'incarner des univers, d'atteindre l'absolu.
En creux se dessine un jeu de miroirs entre deux êtres que tout sépare : l'âge (l'un a pratiquement le double de l'autre), les origines, le parcours. L'auteur traverse un moment très délicat de sa vie, la mort rôde, mais le vieil homme, qui n'en a pas peur, lui donne de sa bravoure et de sa force. D'un revers de la main, il la balaye de son chemin. Et c'est lui, qui quelques mois plus tard, s'en va.
Tout de suite après la disparition de Daniel Emilfork, en octobre 2006, François Jonquet a écrit ce texte alerte, qui est un hommage drôle et tragique à un homme qui aura théâtralisé toute sa vie.
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