"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un débris de hameau où quatre maisons fleuries d'orchis émergent des blés drus et hauts. Ce sont les Bastides Blanches, à mi-chemin entre la plaine et le grand désert lavandier, à l'ombre des monts de Lure. C'est là que vivent douze personnes, deux ménages, plus Gagou l'innocent.
Janet est le plus vieux des Bastides. Ayant longtemps regardé et écouté la nature, il a appris beaucoup de choses et connaît sans doute des secrets. Maintenant, paralysé et couché près de l'âtre, il parle sans arrêt, « ça coule comme un ruisseau », et ce qu'il dit finit par faire peur aux gens des Bastides. Puis la fontaine tarit, une petite fille tombe malade, un incendie éclate. C'en est trop ! Le responsable doit être ce vieux sorcier de Janet. Il faut le tuer...
Dans Colline, premier roman de la trilogie de Pan (Un de Baumugnes, Regain), Jean Giono, un de nos plus grands conteurs, exalte dans une langue riche et puissante les liens profonds qui lient les paysans à la nature.
De la douceur de la poésie à la force des croyances.
Relire Giono c’est entrer en nostalgie d’un monde qui n’existe quasiment plus.
Colline est le premier de la trilogie de Pan.
Les Bastides blanches ne sont plus qu’un débris de hameau.
Seulement quatre maisons sont encore debout, deux ménages y vivent cela donne douze personnes plus une pièce rapportée le Gagou, entendez l’idiot du village, qui est apparu un jour et à qui ils ont fait une petite place.
Au centre de ce lieu il y a une place, où se jouent des parties de boules et un lavoir qui a été remis en état.
Chaque maison est personnifiée (de façon naturelle) par les particularités de son propriétaire, à croire que la pierre fait du mimétisme.
« Une vigne vierge embroussaille celle de Jaume et imite dessus la porte la longue moustache de Gaulois qui pend sur la bouche de son propriétaire. »
Ce fut un bourg prospère mais seuls les paysans sont restés, les bourgeois ont déserté et laissé pourrir les maisons. Même le Gagou a un toit, il n’a pas tardé à se faire une maison en tôle avec des bidons d’essence.
Au loin la montagne de Lure veille ou menace.
Le vieux Janet est à l’agonie, c’est son gendre qui dirige la maison depuis longtemps. Dès que le vieux est alité, il déparle toute la journée et réclame son litre et beaucoup d’attention.
Depuis ce jour, le bourg subit des coup du sort : la source qui se tarit, une fillette tombe malade et un feu se déclare.
Et à chaque fois, un chat noir est là, narguant les habitants.
Ils doivent agir.
C’est Jaume qui va prendre la direction des opérations, il est désigné par l’ensemble des habitants car c’est le seul à lire autre chose que le journal, un homme qui a des livres c’est un qui a le savoir.
Ils s’organisent pour aller chercher de l’eau, ils veillent sur l’état de la petite et combattent le feu.
Cependant, Jaume croit que le malheur vient de Janet et de ses méchancetés.
La peur les agrippe et ne les lâche plus.
« Jaume a peur. Depuis le matin où il s’est vu le chef, il a lutté à l’abri de l’espérance ; il était comme un ressort, un coup reçu le jetait en avant. Ce soir, il a rencontré brusquement sur sa route le torrent du désespoir et l’eau furieuse l’emporte. Il a peur. Il n’a plus la certitude qu’on va gagner, dans cette lutte contre la méchanceté des collines. Le doute est en lui, tout barbelé comme un chardon. »
Le lecteur suit l’histoire comme un roman à suspense, la tension est là dans chaque page et monte en puissance jusqu’au dénouement.
Giono se lit et se relit, à chaque fois l’émerveillement opère, c’est familier et nouveau dans un même mouvement.
Le sujet est somptueux les hommes de ce hameau doivent expier des tortures qu’ils ont infligé à la Terre, dame nature réclame son dû.
Un idée forte, une atmosphère pesante, une conscience qui doit émerger.
Ce sont les axes de cette narration, avec une écriture somptueuse, aux dialogues savoureux.
Nous lecteurs, nous ne lisons pas, nous sommes dans une maison de ce hameau et vivons les mêmes tourments.
Giono disait : « La Provence dissimule ses mystères derrière leur évidence ».
Colline c’est un chant à la beauté de la nature.
Dans cette trilogie le lyrisme prime, mais le combat de Giono est là : montrer la violence des hommes.
Une lecture qui me parait un luxe, lire se langage, où chaque mot vous offre des images fortes qui restent imprimées dans votre imaginaire. Une richesse de notre littérature française.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/05/19/colline-jean-giono/
Un hameau de quatre maisons, soit douze personnes, plus Gagou, le simplet « qui fait le mauvais compte ».
Ils vivent là, entre les collines, et la magie du conteur qu’est Jean Giono opère.
On sent vivre la nature, on sympathise avec les Gondran, les Arbaud, les Maurras, les Jaume. Et on s’inquiète avec eux de phénomènes étranges auxquels se mêlent les superstitions.
Ah ! Quel bonheur toujours renouvelé que de lire un livre de Jean Giono !
J'aime Giono. Il me fait sentir les parfums, les richesses d'un paysage; et décrit si bien les fonctionnements des petites communautés.
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