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L'Auteur :
Philippe Muray est romancier et écrivain. On lui doit les romans Chant pluriel (Gallimard, 1973), Jubila (Le Seuil, 1976), Postérité (Grasset, 1988) et On ferme (les Belles Lettres, 1997). Il a publié de nombreux essais remarqués, notamment : Céline (Le Seuil, 1981 ; Gallimard, Tel, 2001), L'Empire du Bien (Les Belles Lettres, 1991), Exorcismes spirituels I et II (Les Belles Lettres, 1997-1998), Après l'Histoire I et II (Les Belles Lettres, 1999-2000), et Désaccord parfait (Gallimard, 2000).
Le livre Chers djihadistes... se présente comme une lettre adressée, après les attaques du 11 septembre 2001 et leurs suites, par le « dernier homme » - au sens nietzschéen, c'est-à-dire l'homme occidental moderne posthistorique - à l'ennemi islamique qui veut sa peau.
Il s'agit, en substance, d'expliquer à celui-ci ce qu'est réellement cette civilisation terminale de l'Occident, et pourquoi c'est elle qui, par sa faiblesse même, jointe à une technologie démesurée, triomphera.
De ce point de vue, Chers djihadistes... se veut une critique par prétérition de notre monde.
D'un autre point de vue, il s'agit de suggérer dans ce livre :
1° Que sous les dehors d'un assaut effrayant, criminel et grandiose contre les positions occidentales les plus avancées, c'est au contraire, et paradoxalement, l'irrésistible processus de démocratisation, d'alignement et de pacification de l'Islam qu'ont engagé, à leur propre insu bien entendu, les plus furieux des terroristes islamiques.
2° Que l'Occident, de tout temps, a été fatal à Dieu (celui-ci, toujours né en Orient, est toujours venu se dissoudre dans la négativité occidentale) ; et que l'Internationale benladéniste, cette Djihad Company qui se veut universellement conquérante, n'est peut-être que le moyen choisi par le dernier dieu encore virulent de l'histoire des religions pour réussir son suicide.
En d'autres termes, Chers djihadistes... est une analyse globale et limpide de la situation née des attaques contre le World Trade Center et Washington. Bien entendu, cette analyse est menée de façon vivante, à travers des exemples concrets, et non, comme ici, de manière théorique.
Philippe Muray entend donc nous poster une lettre ouverte, forcément réjouissante, qui promet de répandre ses pensées « anthracites », irrésistibles d'intelligence et d'humour.
Il nous avait laissé après l'Histoire. Avec ses « chers djihadistes », il nous propulse avant l'Histoire, chez les benladénistes, et nous annonce la « bonne nouvelle » dela victoire prochaine du post-historique ! Optimisme échevelé ?
Philippe Muray ne nous avait pourtant pas habitué à célébrer la créature de la société posthistorique, qu'il a baptisée Homo festivus, et qu'il aime tant observer. Il ne semble donc délaisser que momentanément cet homme nouveau, débarrassé des tâches et travaux qui lui incombaient dans la société historique, à qui on destine un horizon radieux, et toujours plus vaste, de loisirs, de tourisme et de fêtes collectives. Baignant dans un univers de sensations familières et rassurantes, balloté dans l'hébétude infantilisante et régressive, il s'est enfoncé dans le pire totalitarisme, que lui a préparé la société marchande, persuadé que son mode de vie ne manquera pas de gagner le village planétaire, puisque l'Empire du Bien y veille...
Il y a fort à parier que son djihadiste soit la figure ennemie, et contrariante, de l'Homo festivus.
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