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Chaque année depuis des millénaires, des éleveurs partent de nombreuses régions de France avec leurs troupeaux vers une région écologiquement différente, des pâturages plus gras. Fuyant la chaleur et la sécheresse de l'été, ou le froid et la neige de l'hiver, ils empruntent encore des chemins ancestraux tracés bien avant notre ère, "drailles" en Languedoc, "carraires" en Provence, camis ramaders dans les Pyrénées orientales, qui ont drainé au fil du temps de multiples activités économiques et favorisé les échanges culturels.
Malgré la modernisation de l'élevage, la transhumance repose encore sur l'expérience des anciens, le berger devant jouer tous les rôles pour ses bêtes, à la fois guide, vétérinaire et protecteur avec pour seule aide désormais le "patou" pyrénéen. Elle est régie par des coutumes, des rituels et des décorations d'animaux dont les cloches rythment la marche. Partout, ces déplacements sont des moments de liesse que partagent aujourd'hui touristes et éleveurs dans les fêtes de village et sur les chemins des troupeaux.
Il y a quelques années, en été, en vacances en Ariège, pas très loin de Les Cabanes, nous avons eu l'occasion, histoire de se mettre en jambes et dans l'ambiance, de commencer nos balades par une petite randonnée pédagogique, empruntant les chemins de transhumance et organisée par Philippe Lacube. Extrêmement intéressante et conviviale ce fut un des bons moments de ces vacances. Un peu plus tard, alors juré du Prix littéraire France Télévision, je fis la connaissance d'une bergère des Pyrénées franche et très encline à parler de son métier. Voilà deux rencontres qui expliquent peut-être le choix de ce beau livre sur la transhumance.
"Transhumer" vient de "l'espagnol trashumar, forgé à partir du latin trans, "à travers", et humus, "terre", et signifie "aller au-delà de la terre d'origine, évoquant à la fois le départ de la contrée où vivent habituellement les troupeaux et la traversée d'une région de transition pour en rejoindre une autre, écologiquement différente." (p. 14) Ce terme apparu tardivement dans notre langue désigne cependant une tradition très ancienne. Je ne vais pas vous faire l'historique ni vous raconter par le menu ce qu'est la transhumance, Anne-Marie Brisebarre le fait très bien, le livre est très complet et à la portée de tous, c'est un formidable moyen d'en connaître un peu plus sur la vie des bergers et de ceux qui les entourent, de découvrir ou revoir les lieux qu'ils fréquentent et de voir tous les à-côtés du travail : les colliers pour les ovins ou bovins, les sonnailles (ou cloches) très différentes en fonction de leur rôle, la tonte des moutons, la fabrication des fromages, les fêtes de village, ...
Un très beau livre bourré de photos et d'illustrations diverses qui parle de toutes les transhumances, celles des moutons, des chèvres, des vaches mais aussi celle des chevaux et celle des abeilles, qu'on a beaucoup moins en tête ; il parle aussi du rôle de l'homme et de sa relation aux animaux et n'oublie pas le plus fidèle allié du berger, son chien !
Si le sujet vous plaît, s'il vous attire ou si vous connaissez quelqu'un qui aime la montagne, les animaux et leur mode d'élevage, ce livre est l'objet idéal, exhaustif, instructif et magnifique. Un beau cadeau. Un livre à laisser à portée de main pour le feuilleter.
L'auteure est ethnologue et membre du laboratoire d'Anthropologie du Collège de France, spécialiste des rapports entre les sociétés humaines et leurs animaux domestiques
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