"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après Chemins de ronde (2004), ces Carnets du jour et de la nuit sont le deuxième livre de Jean-Claude Walter aux Éditions Arfuyen. Comme pour les Chemins de ronde, il ne s'agit ici ni d'un recueil de poèmes en prose ni d'un journal de bord, mais d'un ensemble de textes singuliers, sans cesse passant de l'observation à la rêverie, de l'humour et l'ironie à la méditation la plus mélancolique sur notre destin d'hommes. Qu'on lise les titres des huit parties qui articulent le livre, on y trouvera déjà cet esprit narquois, tout à la fois légèrement provocateur et d'une poignante gravité : « Creuse le ciel, collègue»; « J'habite à l'intérieur d'un songe » ; « L'enfance, ce visage immobile » ; « De nuit je me jette dans le gouffre » ; « Écrire, c'est vivre à l'envers » ; « Sur le fil de l'exil » ; « Ne sommes-nous pas les enfants d'une île ? » ; « Envois ».
Écrire s'est se jeter dans le gouffre. Il ne faut pas en avoir peur. Au contraire, en devenir familier. Il n'y a pas d'autre choix. Car on ne choisit pas d'écrire. Qui pourrait faire un tel choix ? C'est la pire des choses. Un exil. Un songe. Un tombeau. Et cependant il faut faire avec. Quand l'écriture vous tient, il n'y a qu'à s'y soumettre.
Comme un animal domestique qui vous rend de jour en jour, insidieusement, son esclave. « Je leur disais combien son attitude, à elle seule, pouvait me surprendre. Sa façon, toute en douceur, d'évaluer et de s'approprier l'espace. Ses gestes mesurés. La maîtrise de son expression - port de tête, lèvres serrées, regard. Ce regard venu de plus loin que nos simples questions, incertitudes. Ses yeux qui allaient au tréfonds, nous interrogeant. Ses gestes ouverts, accueillants. Son corps lui-même, une fois immobile : un roc, une jetée, une barre d'arrimage. Et cette élégance naturelle, rien que dans le maintien. Pas besoin de mots, de paroles, d'arguments. Une présence. Une force. Une certitude. » De qui s'agit-il ? « Je peux vous dire que j'envie son sang-froid, sa maîtrise de lui-même. Sensible à nos doutes, notre interrogation, il n'exprime aucune impatience. Il a cette clairvoyance, cette sagesse infuse qui n'appartient qu'aux brahmanes, aux bonzes de l'Inde antique. Un vrai gourou, encore que je méfie de ce mot. » Quel est ce maître ? L'écriture ? Non, un chien. Vivre n'est pas très intelligent. Un chat ou un oiseau font cela mieux que nous. Bien plus de concentration. Vivre est une sottise, écrire est pire encore : « Écrire, c'est vivre à l'envers. » Pourquoi écrit-on ? Parce qu'un jour on a un peu trop cru à un conte de fées : « De l'influence d'un conte, d'une légende lue ou racontée, sur l'imaginaire d'un enfant. Depuis, il cherche sans relâche son ''Sésame ouvre-toi !'' »
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