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Sincèrement, la Révolution française n’a pas été une franche rigolade. En plus de mourir d’inanition, on risquait la guillotine pour des tas de raisons, de ses origines familiales à l’expression d’idées dissidentes. Ainsi la production d’images à l’humour, plus ou moins noir, était un bon motif pour monter à l’échafaud. Et de cette période est issue la caricature, l’expression même d’un contre-pouvoir, celui des faibles, celui de la masse silencieuse, celui qui subit le pouvoir et l’injustice. L’art de la satire à traverser le XIXe siècle (Honoré Daumier ou André Gill) pour devenir le dessin de presse que nous connaissons actuellement et dont nous sommes, presque tous, friands. Chaque quotidien possède le sien. En Belgique, par exemple, nous avons Pierre Kroll, Dubus et Sandron.
Dans ce livre au parcours éditorial assez chaotique, nous retrouvons Plantu du journal le Monde, puis ensuite, quelques-uns de ses collègues dessinateurs : Mikhail Zlatkovsky (Russie), Boligan (Mexique), Rayma (Venezuela), Danziger (Etats-unis), Michel Kichka (Israël, né à Liège), Boukhari (Palestine), Zohoré (Côte-d’Ivoire), Slim (Algérie), Pi San (Chine), Glez (Burkina Faso) et Willis from Tunis (la seule femme de cette sélection). Tous présentent quelques points communs : tous ne sont pas satisfaits du monde dans lequel ils vivent et tous utilisent le dessin pour résister à ce qui leur déplaît souverainement. Bref, la caricature, le dessin politique, l’humour permettent de résister à l’absurdité de notre monde moderne. De résister à la connerie, proférée par Jacques Prévert.
Evidemment, d’autres notions sont abordées : l’engagement, la prise de position, la censure, l’autocensure, la mise en danger de soi, les conséquences de certains dessins, les rapports à la religion, au pouvoir, à la société, à l’argent. Le grand public, de toute provenance, devrait se jeter avec délectation sur ce livre et surtout sur ces images. Elles sont, par conséquent, signées de dessinateurs devenus des vedettes ; d’autres, par de presqu’anonymes car plus confidentiels. Mais toutes, elles tancent les travers de notre société et surtout de ses dirigeants, d’un coup de crayon, avec bien souvent une telle économie de mots que la critique est directement lisible. En effet, il ne faut pas oublier ces quatre mots d’ordre : 1) dire « m…. » aux puissants 2) se moquer des nantis et des bourgeois 3) prendre la défense de ceux qui n’ont pas droit à la parole 4) satisfaire ses désirs d’utopies. Hélas ! La satire, comme l’Art, ne change guère le Monde : « Guernica » de Pablo Picasso n’a pas empêché la Seconde Guerre Mondiale. Mais rions, oui, rions, pour ne pas être obligés d’en pleurer. Voilà, ce que j’ai retenu de cette brique de 415 pages où chaque série de dessins est précédée par un entretien de son auteur.
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