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Le lecteur français connaît surtout Edmund Burke (1729-1797) pour l'assaut mené par les "Réflexions sur la révolution en France". C'est réduire à une seule dimension l'oeuvre d'un penseur considéré dans le monde anglo-saxon comme un classique de la philosophie politique. La critique de la révolution n'est qu'un pan d'une oeuvre complexe, qui commence en 1757 avec l'"Essai sur le Sublime et le Beau" et se traduit dans des prises de position sur l'impérialisme britannique en Inde, la Révolution américaine et la question irlandaise. Et la remarque de Novalis ("Burke a écrit un livre révolutionnaire contre la révolution") en indique l'ambivalence. Les tensions qui parcourent l'oeuvre se lient à l'urgence de l'actualité et aussi, pour Burke, à sa propre position d'Irlandais, partagé entre la fidélité à son île et l'ambition de peser sur les cours des choses. Mais elle s'accompagnent d'une réflexion sur le temps long et la continuité du corps politique, rappel aux Anglais de leur héritage (confirmé par la Révolution de 1688), et avertissement aux Français qui voudraient s'affranchir entièrement du passé. Élément essentiel du droit, le temps est aussi condition de possibilité d'une philosophie politique.
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