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Braïtou-Sala ; 1885-1972 ; l'élégance d'un monde en péril

Couverture du livre « Braïtou-Sala ; 1885-1972 ; l'élégance d'un monde en péril » de Claudine Auliard et Zelda Egler aux éditions Mare & Martin
Résumé:

Des essais introductifs abordent l'oeuvre de Braïtou-Sala sous un angle pluridisciplinaire, en croisant les regards d'une historienne (Claudine Auliard interroge et resitue dans leur temps les « compositions » de l'artiste, aux sujets allégoriques, mythologiques ou bibliques), d'une historienne... Voir plus

Des essais introductifs abordent l'oeuvre de Braïtou-Sala sous un angle pluridisciplinaire, en croisant les regards d'une historienne (Claudine Auliard interroge et resitue dans leur temps les « compositions » de l'artiste, aux sujets allégoriques, mythologiques ou bibliques), d'une historienne de la mode (Zelda Egler pointe les grandes tendances de la mode mais aussi du maquillage ou de la coiffure des années 20 et 30 à travers les portraits mondains du peintre) et d'un historien de l'art (Bruno Gaudichon revient sur la destinée d'un peintre aux prises avec l'Histoire). L'intégralité des oeuvres sont reproduites en couleurs, avec quelques notices développées. Un important matériel documentaire (répertoire des modèles, liste des expositions, fortune critique, bibliographie) est réuni en annexes.

Né à La Goulette, Albert Sala (1885-1972) dit Braïtou-Sala quitte sa Tunisie natale pour Paris dans les premières années du XXe siècle... Élève à l'Académie Julian d'Adolphe Déchenaud, d'Henri Royer et de Paul-Albert Laurens, il remporte en 1916 le prix du portrait et s'impose, aux côtés de son ami Cyprien Boulet, comme l'un des plus grands spécialistes du portrait mondain de l'entre-deux-guerres. Exposant au Salon des Artistes Français à partir de 1913, il y obtient la médaille d'argent en 1920 ; les oeuvres, et notamment les portraits, qu'il envoie chaque année par la suite sont très appréciées et remarquées par la presse du temps. L'Illustrationmais aussi Lectures pour tous, Tidens Kvinder ou Woman's Journal offrent ainsi au peintre à plusieurs reprises leur couverture.
De 1919 à 1939, célèbre dans le Tout Paris mais aussi dans certaines capitales étrangères, Albert Braïtou-Sala signe plusieurs centaines de portraits mondains et organise dans son atelier, à l'occasion de leur vernissage, d'importantes réceptions. Grâce à l'entremise, dès 1919, de son ami Alex Johanides, archiviste à la Comédie-Française, sa clientèle compte très tôt quelques-unes des plus grandes actrices de l'époque (parmi lesquelles Renée Corciade, Jane Faber, Cléo de Mérode ou Renée Falconetti) mais aussi la cantatrice de l'Opéra de Paris Marthe Chenal, ainsi que plusieurs figures de la haute société parisienne et bientôt américaine. En 1936-1937, c'est aux côtés de Picasso, Dufy, Braque, Chagall, Matisse, Derain ou Gromaire, qu'il représente la France à l'Exposition Internationale qui se tient au Carnegie Institute de Pittsburg. Profondément meurtri par la disparition d'une grande partie de sa famille dans les camps de concentration nazis, Albert Braïtou-Sala quitte Paris pour le Sud-Est de la France au début 1960 et meurt en 1972 à Arles dans un relatif oubli.
En écho à la collection de mode et à l'architecture même du musée, La Piscine propose, grâce aux prêts de tableaux souvent inédits, de redécouvrir l'oeuvre de ce peintre, témoignage inestimable sur la mode et la société de l'entre-deuxguerres.
Associant aux rares toiles aujourd'hui en collections publiques (à Riom, Périgueux, Bordeaux, Beauvais et Boulogne-Billancourt) d'importantes oeuvres demeurées en mains privées, l'exposition organisée à Roubaix (autour des dons significatifs consentis par la famille en 2011 et 2015) fait la part belle aux grands portraits mondains qui firent le renom de l'artiste dans le Paris des Années Folles. Compositions très élégantes, saisissantes par la traduction virtuose des effets de matières et des jeux de lumière sur les étoffes des toilettes et les bijoux de ces dames. Elle évoque aussi les oeuvres conçues dans l'intimité familiale, autoportraits et études de têtes d'enfants notamment, ainsi que les étonnantes relectures de thèmes bibliques ou mythologiques entreprises dès les années 1920 et réinvesties après guerre. Privilégiant des sujets susceptibles de mettre en exergue la beauté et la sensualité de la nudité féminine, le peintre attribue avec malice des canons et des coiffures très contemporains à ses Léda, Suzanne, Amphitrite ou Danaé, et transpose leurs aventures dans des environnements explicitement datés (parcs de châteaux à la française ou atelier du peintre notamment).

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