"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Scribouilleur est un écrivain public né et travaillant dans l'univers du Border. Le jour, il répond aux angoisses et aux deuils de ses habitants. La nuit, il croque, émerveillé, leurs élans de vies : rues, immeubles, bières et autoroutes descendues à pleine vitesse en quête d'un horizon.
Cette ville est peuplée d'hommes et de femmes obsédés par leur avenir, ivres, rêvant d'aimer ou amoureux. Une microsociété d'écorchés vifs errant entre les reliefs d'un monde qui laisse de moins en moins place à l'homme.
Mais cette terre a un secret... Et parmi la jetée, les rails et la prison, Jeanne, telle un ange, cherche à s'en échapper.
Jacques Houssay tient le registre de ces vies et mesure les pulsations de ce monde dans un premier roman puissant, gouverné par le souffle de la prose et le pouls de la ville.
« J’égrène des traductions comme un chapelet. Ignorant la prononciation dans la plupart de ces langues. » « Border » de Jacques Houssay est une flamboyance verbale. L’ouvrir c’est être attentif à autrui. Savoir que chaque phrase pourra être annotée. Retenir. Apprendre par cœur le plan mémoriel de ce chef-d’œuvre. Ce roman est digne. Puissant, manichéen, ciselé dans une aérienne fusion avec une lecture grave et poétique. La construction de « Border » est une citadelle dont la clef de voûte est la beauté grammaticale. Jacques Houssay est doué, observateur et ne laisse aucune ombre dévorer son lieu parabolique. « Border » est la vie. L’idiosyncrasie d’un monde où les exclus, les désenchantés façonnent de leurs mains la gloire intérieure d’une bonté pourtant mise à rude épreuve. « Je serre l’émoi entre mes ongles, ne pas lui lâcher la bride…. Je me tourne vers Nerveux. Un clin d ’œil. Nos coeurs se sont retranchés dans un pouls normal et régulier…. Et nous pleurons comme d’autres chantent. » Scribouilleur est le protagoniste principal, le narrateur guidant le lecteur dans cet antre où le gris voudrait étouffer de ses mains la clarté vierge des jours de survivance. « Border » est mal aimé, affamé, pauvre, au chômage souvent, drogué ou voleur mais riche de cette intériorité quasi religieuse et altruiste. Abandonné, ses rues sont des mains tendues sans oser mendier le peu. La nourriture est cette miette de pain dont les oiseaux envient le brillant fraternel. « Border » à un langage de sel et de larmes et pourtant ici se magnifie la couronne dont rêvent les purs. « Etre heureux ou malheureux. Sachant très bien qu’Icare dans sa chute se retiendrait même à une libellule. » Scribouillard est intelligent, cultivé, intuitif et magnanime. Il est l’hôte qui soulage. Solidaire, il est le point d’appui d’un « Border » qui « déborde » de douleurs. « Je rafistole ma tendresse de quelques élastiques. Le temps avance en grattant les promesses au couteau. Il n’y a pas d’archéologie possible, nous effaçons le paysage comme un tableau blanc…. Ne plus feindre d’être en vie, donner des preuves. » Scribouillard panse les plaies de ce « Border » emblématique. Il s’enivre de regards, de rais de lumière. Il côtoie le sang des souffrances et l’encre de ses mots consolateurs pour les survivants de « Border » est l’universalité. Les frontières endormies s’épanchent dans la foi d’un avenir meilleur. « Border » n’est pas nihiliste. Au contraire l’hédonisme apaise le filigrane qui en devient salvateur. Cette double lecture renforce le point d’ancrage d’un « Border » palpitant de vie. Sociologique, géopolitique, ses rives sont le modèle de ce qui existe dans le chao de notre monde. Un microcosme rangé, prêt à la bataille contre les inégalités. Sous l’écorce de ce lieu, les battants cherchent l’issue de secours, dans cette ténacité et cette volontaire envergure d’étreindre l’amour à plein bras. « Je te laisserai grimper sur mes genoux quand je ferai face à la fenêtre à guillotine. Tu y verras d’autres choses que moi. Aujourd’hui ta petite main dans la mienne, nous pourchassons les pigeons. Nous marchons en équilibre et c’est mon rôle de te tenir la main » Ce roman est une prouesse. Ses reliefs « Bordent » un monde en péril. Et pourtant ! son chant s’étire dans la nuit glacée. C’est un roman grave et engagé. « Un Border » majeur. « Mes pensées baguées à la patte comme un oiseau migrateur ». Beau à couper le souffle. Publié par les Editions « Le Nouvel Attila » « Border » de Jacques Houssay est en lice pour le Prix Hors Concours 2019 et c’est une immense chance.
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