«Bel-Amî se situe à un tournant, à un moment où les deux aspects de l'oeuvre se manifestent simultanément avec le plus d'évidence. Se présentant comme une étude de moeurs dans la tradition réaliste, et offrant une critique des milieux politiques, financiers et journalistiques contemporains, Bel-Ami apportait dès sa sortie toutes sortes d'éléments susceptibles de répondre à l'attente du grand public. Un succès immédiat et jamais démenti en témoigne d'ailleurs assez. Toutefois ce succès a aussi son revers, et l'aspect réaliste de l'oeuvre, qui avait d'abord fait la renommée de son auteur, s'est parfois retourné contre lui, tant une certaine lecture l'a réduit au statut de conteur certes agréable, mais facile et daté, occultant ainsi toute sa modernité. Maupassant poursuit en effet avec Bel-Ami, dans une langue étonnamment fluide et moderne, une recherche formelle sur le personnage romanesque et sur le point de vue, recherche entamée par Flaubert, proche de celle que poursuit parallèlement Henry James, et dont l'oeuvre de Proust marquera l'aboutissement.» Joël Malrieu.
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