Alice a quatorze ans quand elle est hospitalisée : un premier roman foudroyant
La Romance du Petit Page. C'est sous ce titre que circulent, plusieurs mois avant la première représentation du Mariage de Figaro en 1784, huit couplets chantés sur le timbre populaire de Malbrough s'en va-t-en guerre. Comme le Voi che sapete de Mozart, l'air de Chérubin entre pour beaucoup dans le succès de Beaumarchais, alors que sa tonalité dissonante, la tristesse douce et somptueuse qui s'en dégage tranchent avec les dialogues étincelants de la comédie. Dans un tableau touchant qui reproduit une toile galante de Carle Van Loo, le petit page virevoltant chante la romance à sa belle marraine, la Comtesse Almaviva, qui lui inspire les sentiments les plus tendres: « Que mon coeur, mon coeur a de peine ! » La poésie évanescente de cette romance et la grâce toute mélancolique du page endiablé, auxquelles se montreront sensibles Hugo et Péguy, révèlent un Beaumarchais inattendu et déroutant, qui mêle avec une grande délicatesse les ressources du théâtre, de la poésie, de la musique
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